Sarkozy a appelé Ankara à reconnaître avant 2012, le caractère génocidaire des massacres ottomans perpétrés en 1915 et 1916 en Turquie.
Le président français Nicolas Sarkozy ferait mieux de s'occuper des problèmes des Français plutôt que de jouer les historiens sur la question du "génocide" arménien, a estimé vendredi le ministre turc aux Affaires européennes Egemen Bagis, réagissant à des déclarations de M. Sarkozy.
"Il serait mieux, pour la sérénité en France, en Europe et dans le monde que M. Sarkozy abandonne le rôle de l'historien et se creuse un peu la tête pour sortir son pays du gouffre économique dans lequel il se trouve et produise des projets pour l'avenir de l'Union européenne", a déclaré M. Bagis, cité par l'agence de presse Anatolie, lors d'une visite à Sarajevo.
"Notre mission, en tant qu'hommes politiques, n'est pas de définir le passé ou les événements du passé. C'est de définir l'avenir", a insisté le ministre, avant d'accuser le président français d'"exploitation à l'approche de l'élection" présidentielle française, de la thématique arménienne.
"Sarkozy a probablement adopté ce type d'approche après avoir été effrayé par les derniers sondages politiques en France", a-t-il commenté.
En visite à Erevan jeudi et vendredi, M. Sarkozy a appelé Ankara à reconnaître dans un délai "assez bref", avant la fin de son mandat en mai 2012, le caractère génocidaire des massacres ottomans perpétrés en 1915 et 1916 en Turquie, qui ont fait plusieurs centaines de milliers de morts.
La Turquie reconnaît que 300.000 à 500.000 personnes ont péri lors de cette période, mais, selon elle, elles n'ont pas été victimes d'une campagne d'extermination mais du chaos des dernières années de l'Empire ottoman.
Pour les Arméniens, il s'agit d'un "génocide" qui a fait plus d'un million et demi de morts.
Avant son élection en 2007, le candidat Sarkozy avait promis aux représentants de la forte communauté arménienne de France, estimée à un demi-million de personnes, de soutenir le vote d'un texte de loi spécifique réprimant la négation du "génocide" de 1915.
Mais ce texte a été enterré en mai faute d'une majorité au Sénat (chambre haute) et surtout du soutien du gouvernement de Nicolas Sarkozy, suscitant l'amertume des Arméniens de France et de leurs partisans. L'élection présidentielle est prévue en France en avril-mai.