Ce sont le Murdoch, le Koch,et le Dimon, du Morgan Chase...
Plusieurs centaines de manifestants anti-Wall Street ont participé mardi à Manhattan à une marche des millionnaires, faisant étape notamment devant le domicile new-yorkais du magnat de la presse Rupert Murdoch aux cris de nous sommes les 99%.
« Taxez les riches, Nous voulons ce qui nous revient », pouvait-on lire sur certaines pancartes.
Les manifestants se sont d'abord rendus devant chez Rupert Murdoch, sur la 5e avenue, puis ont cheminé jusqu'au domicile de David Koch, un richissime industriel, avant de terminer devant un immeuble majestueux de Park avenue, dans l'Upper East side, qui abrite la résidence du patron de la banque JP Morgan Chase, Jamie Dimon, a constaté l'AFP.
Les manifestants transportaient un énorme chèque libellé aux 1% du haut, d'un montant de 5 milliards de dollars, correspondant selon eux, à ce que gagneront les plus riches lors de la suppression en décembre d'un impôt de l'Etat de New York pour les plus fortunés.
« Je n'ai jamais vu ça dans le quartier d'Upper East side », commentait Sally Ardrey, une élégante retraitée. J'aimerais bien discuter avec eux, savoir pourquoi ils n'ont pas de travail, ont-ils vraiment essayé? Il y a de la frustration, je comprends le sentiment général, ajoute-t-elle. Moi aussi mes revenus ont diminué, ma retraite était à la Bourse et j'ai beaucoup perdu.
Obama aurait dû s'occuper de l'emploi avant de s'occuper de la réforme du système de santé, ajoute cette démocrate convaincue.
La manifestation, aidée par des températures estivales, était encadrée par un important dispositif policier, un hélicoptère surveillant même l'avancée du cortège.
Depuis le 17 septembre, des centaines de protestataires occupent le square Zuccotti, dans le quartier de Wall Street dans le sud de Manhattan, pour dénoncer la cupidité de Wall Street et un système qui fait selon eux la part trop belle aux 1% les plus riches, au détriment des 99% restant.
Sans revendication précise, ils se réjouissent d'avoir ouvert une discussion nationale sur le malaise ambiant aux Etats-Unis, où le chômage frappe 9,1% de la population et où la classe moyenne s'est appauvrie ces dernières années.
Le 5 octobre, une manifestation sur ces thèmes, à laquelle se sont joints certains syndicats, a rassemblé entre 5.000 et 12.000 personnes à New York.
Ces manifestants ont fait des émules dans plusieurs dizaines de villes aux Etats-Unis dont la capitale fédérale Washington où six manifestants ont été arrêtés mardi pour avoir chanté des slogans dans un des bâtiments du sénat américain.
A Boston, plus d'une centaine de personnes ont également été interpellées mardi par la police, pour avoir refusé de quitter un espace public où elles avaient installé des dizaines de tentes.
Le porte-parole de la police de Boston Eddy Chrispin, joint par téléphone, a indiqué que la majorité des personnes arrêtées l'avaient été pour rassemblement illégal.
« Tous ceux qui ont été arrêtés ont choisi de l'être », a affirmé M. Chrispin, la police leur ayant demandé de se disperser dans le calme.
La plupart des personnes interpellées ont ensuite été libérées sous caution, en attendant leur jugement dans la journée, selon le porte-parole.
Sur son site internet, le mouvement Occupons Boston a affirmé que des centaines de policiers en tenue antiémeute avaient brutalement attaqué les manifestants.
Selon le Boston Globe, les manifestants scandaient pendant ce temps « le peuple ne sera jamais vaincu » et « c'est une manifestation pacifique » et « le monde entier regarde ».
Le quotidien, citant la police, a indiqué qu'un policier avait reçu un coup de poing au visage, mais que personne parmi les manifestants et les policiers n'avait été blessé.
Selon M. Chrispin, les manifestants avaient au départ reçu l'autorisation de manifester dans le centre-ville, sur Dewey Square, mais leur nombre a augmenté et ils se sont répandus dans les rues avoisinantes.
Le maire de Boston Thomas Menino a justifié l'opération de police en indiquant au Boston Globe qu'il respectait la liberté d'expression mais qu'il y avait une ville à gérer et que la désobéissance civile ne peut être tolérée.
Je suis d'accord avec eux, a-t-il ajouté, les saisies, les rapaces de la finance, ce sont des questions sur lesquelles j'ai travaillé toute ma vie, mais on ne peut pas bloquer une ville.
Sur son site, Occupons Boston a appelé aux dons pour réunir au moins 4.000 dollars afin de couvrir les frais d'avocats des personnes interpellées.
A 10h30 (14h30 GMT), 5.480 dollars avaient été récoltés sur le site wepay.com.
Les manifestations de ce genre se sont multipliées depuis trois semaines à travers le pays pour dénoncer la cupidité des milieux d'affaires et de la finance, jugée responsable de la crise économique, ainsi que la manière dont la Bourse de Wall Street interférerait avec la politique américaine.
Sur leur site internet, les organisateurs de ces mouvements ne s'étendent pas sur des revendications concrètes, mais affirment que la chose que nous avons tous en commun est que nous sommes les 99% qui ne tolèreront plus la rapacité et la corruption du 1% restant.
Quelque 700 personnes avaient été arrêtées le 1er octobre à New York pour avoir bloqué la circulation sur le pont de Brooklyn au cours d'une manifestation contre les effets de la crise économique, la plupart étant libérées rapidement par la suite.