Depuis leur sortie de la cour des comptes et de celle de la sécurité nationale jusqu’à leur arrivée à leur nouvelle résidence:la prison de Tura où ils ont passé une nuit blanche, les ex-ministres de Moubarak ont vécu les pires he
Qui aurait pu imaginer une telle scène ? Certainement pas les membres de la bande mafieuse de Moubarak qui a pensé jusqu’à la dernière minute de la Révolte des Jeunes que leurs sommes colossales les protègeraient de la justice !
Mais non, le peuple égyptien en a décidé autrement ! Menottes au main, encadrés par des policiers, l’ex ministre du tourisme Zouhair Jarana, l’ex-ministre de l’habitat Ahmad alMaghrebi, l’ex-ministre de l’Intérieur Habib alAdli et le secrétaire général du parti national Ahmad Ezz sont sortis de la magistrature de la Cour des Comptes et de celle de la sécurité de l’Etat , l’air accablé par le verdict du jugement : quinze jours de prison en garde-à-vue !
Chaque homme avait une voiture de police pour les conduire à leure nouvelle résidence: la prison de Tura, sans compter les trois autres voitures policières qui les escortaient.
A Tura, des dizaines d'officiers et de soldats les attendaient, non pas pour les saluer mais pour pouvoir regarder de près le visage de ces hommes qu’ils ne voyaient qu’à la télévision .. et qui se comportaient comme des seigneurs féodaux.
C’est la voiture de Zouhair Jarran qui est arrivée la première : il est sorti de la voiture vêtu de son costume de luxe , il n’a regardé ni à droite ni à gauche, puis vint la voiture de Ahmed Ezz, sans doute c’est la première fois dans sa vie qu’il pousse une porte de prison, une de ses mains étaient menottée à l’un des policiers qui l’accompagnait, de l’autre main il portait une valise comportant ses affaires personnelles que l’ un de ses collaborateurs lui avait apporté lors de son interrogatoire. A sa vue, les officiers se sont exclamés : « C’est ce mec Ahmad Ezz ? »
Après lui, c’était au tour de Ahmad alMaghrebi d’arriver à sa nouvelle demeure. Contrairement à ses « co-locataires » il n’avait pas les menottes en main, sans doute à sa demande.
Reste que le moment le plus fort pour les officiers et les policiers de la prison de Tura a été l’arrivée de ce qui fut leur ancien patron, celui pour qui les portes des prisons du pays s’ouvraient pour l’accueillir en grand tambours, celui qui à son passage on saluait et craignait à la fois, il s’agit de Habib alAdly, l’ex ministre de l’intérieur.
Lui aussi, avait une de ses mains menotté à l’un des policiers, personne ne peut deviner ce que ressentait à ce moment cet officier, mais au moment où il lui releva les menottes il ne lui adressa aucun regard, peut-être par dédain ou par peur ou encore par pudeur ! Ce qui est sûr c’est que tous les officiers cachaient à l’intérieur d’eux-mêmes une joie intense de voir que leur ministère sera enfin nettoyé de la corruption !
Pour Ahmad Ezz, Ahmad alMaghrebi et Zouhair Jarana c’est la première fois qu’ils mettent les pieds dans une prison, mais pas pour Habib alAdli. Sauf que la différence pour ce dernier c’est qu’il y entre entant que résidant et non en tant que visiteur !
Selon des officiers qui ont assisté à la procédure d’entrée en prison , toutes leurs affaires personnelles ont été confisquées par le secrétariat qui les a enregistré sur une liste, «parmi cette liste figurent leur porte monnaie, leurs montres et leurs cellulars, certains d'entre eux ont réussi toutefois à introduire dans leur cellule leur deuxième cellular».
A l’Intérieur de la prison, des centaines de prisonniers s’étaient rassemblés près de la porte d'entrée , suite à la nouvelle répandue que des personnalités de haut rang seront incarcérées ce jour-là.
Par crainte que des affrontements n'éclatent entre les prisonniers et les nouveaux arrivés, les fonctionnaires de prison ont décidé de reconduire les prisonniers dans leurs cellules, tandis que les prisonniers d’un certain rang ont eu droit à l’accueil , tels que Hisham Talaat Mustafa( cet homme d’affaires égyptiens , un haut cadre du parti de Moubarak qui a assassiné la chanteuse libanaise Suzan Tamim ).
Dans le couloir de la prison, quand Hicham Talaat a aperçu Ahmed Ezz, il lui a affiché un grand sourire et lui est ouvert grand ses bras, une manière pour lui dire : « soyez la bienvenue »! Ahmad Ezz est passé devant lui sans prononcer un mot..
Selon le quotidien égyptien al-Wafd, citant des sources de l'intérieur de la prison Tura, les quatre hommes ont passé la nuit dans un état de choc, ils ont refusé de manger, de parler à quiconque et n’ont pas fermé leurs paupières..
Les gardes de sécurité leur ont offert un repas composé d'œufs, d’haricots et de fromage, mais ils ont refusé la nourriture et se sont rendus à la cafétéria située à l'intérieur de la prison.
Les quatre accusés ont été traités comme des prisonniers ordinaires , ils ont été placés dans des cellules isolées du reste des prisonniers pour éviter tout affrontement.
Habib alAdly a refusé catégoriquement de partager sa cellule avec Hicham Talaat ni même d’être dans la cellule voisine, il a choisi une cellule individuelle d’une hauteur de trois mètres sur deux de largeur !
Même son de cloche de la part de Ahmad Ezz qui s’est vu refusé cette demande !
C’est donc une nuit que les quatre superstars de la corruption égyptienne n’oublieront jamais, et qui restera dans les annales de l’histoire contemporaine de l’Egypte.