Des affrontements à Rome ont fait 135 blessés et près d’un million d’euros de dégâts. Les indignés sont descendus par centaines de milliers de par le monde pour dénoncer les inégalités.
Sous les slogans « Peuples du monde, levez-vous » ou « Descends dans la rue, crée un nouveau monde », les indignés ont manifesté samedi dans 951 villes de 82 pays, contre la précarité liée à la crise et le pouvoir de la finance.
Le mouvement des indignés qui a pris samedi une dimension planétaire à travers le monde, se prolongeait dimanche au moins en Allemagne, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas.
Grande-Bretagne
Cette volonté de poursuivre le mouvement un deuxième jour consécutif s’est traduite par un campement sauvage à Londres au cœur de la City, principal centre financier d’Europe.
Plusieurs centaines d’indignés ont passé la nuit de samedi à dimanche sur le parvis de la cathédrale Saint-Paul, où 70 tentes ont été dressées après le rassemblement la veille sur les lieux des milliers d’indignés.
Assange joint les manifestants
Samedi, le fondateur de WikiLeaks Julian Assange figurait au nombre des manifestants. "Le système bancaire de Londres est le récipiendaire de l'argent de la corruption", a-t-il déclaré devant environ 500 personnes devant la cathédrale St Paul, promettant une campagne de WikiLeaks contre les institutions financières dans les prochains mois.
Italie
Le mécontentement s'est étendu en Italie face au chômage élevé (plus de 30% parmi les jeunes), à la paralysie politique et à un plan d'austérité de 60 milliards d'euros qui a entraîné une hausse des impôts et du coût des soins médicaux.
À Rome, la manifestation a dégénéré et des protestataires ont brisé des vitrines et incendié des voitures.
Ces violences, les pires que Rome ait connues depuis des années, ont fait 135 blessés, dont 105 policiers, et causé aux biens publics des dégâts évalués à un million d’euros, a-t-on indiqué dimanche de source officielle.
Douze manifestants ont été arrêtés et d’autres arrestations sont attendues. « Nous devons agir avec la fermeté appropriée à l’encontre de ces brutes », a déclaré hier le maire de Rome, Gianni Alemanno.
Un important dispositif policier était déployé dans la capitale italienne où quelque 100.000 manifestants ont défilé, au lendemain du vote de confiance obtenu par le gouvernement de Silvio Berlusconi au Parlement.
Allemagne
Également, à Francfort (ouest de l’Allemagne), près de 200 personnes ont passé la nuit dans 30 tentes devant le siège de la Banque centrale européenne (BCE), au centre de la crise de la dette et de l’euro.
Une nouvelle manifestation était également prévue à Berlin, cette fois devant la porte de Brandebourg.
Samedi, la police berlinoise avait réussi à empêcher certains des 10 000 participants à une première manifestation de camper devant le siège du Reichstag, le Parlement fédéral.
Une poignée d’interpellations ont été effectuées par les forces de l’ordre, quelques agents ayant été blessés dans des échauffourées sans gravité, a dit une porte-parole de la police.
USA
Des milliers de personnes ont également manifesté samedi à Washington et à New York, où 88 personnes ont été arrêtées. « Nous sommes le peuple », « On nous a vendus », s’insurgeaient-ils. « Chaque jour, chaque semaine, occupons Wall Street. »
À Chicago, quelque 175 manifestants anti-Wall Street ont été interpellés tôt dimanche matin lors de l’évacuation d’un parc où ils s’étaient rassemblés, a-t-on appris de source policière.
L’indignation exprimée sur pratiquement tous les continents
Aux Pays-Bas, Amsterdam a également vu pousser 50 tentes, plantées sur la place de la Bourse. Environ 300 personnes, dont certaines ont passé la nuit de dimanche dans ces tentes, étaient rassemblées dimanche sur la place de la Bourse.
Samedi, quelque 1 500 « indignés » s’étaient réunis au même endroit, selon la police.
Genève, Miami, Paris, Sarajevo, Zurich, Mexico, Lima, Santiago, Hong-Kong, Tokyo, Sydney, Canada...
« L’indignation » contre le capitalisme s’est exprimée samedi sur pratiquement tous les continents. « Le mouvement des indignés renaît comme une force globale », proclamait dimanche à la une le quotidien espagnol El Pais.
« C’est la première fois qu’une initiative citoyenne réussit à organiser de manière coordonnée tant de manifestations dans des lieux aussi disparates et éloignés », note le journal.
Parti d'Espagne, le mouvement des "indignés", installés au printemps sur la place de la Puerta del Sol à Madrid, s'est étendu rapidement dans une Europe en pleine cure d'austérité.
Les protestataires, qui se veulent apolitiques, refusent que les peuples paient le prix de la crise financière et demandent une "vraie démocratie" et une "révolution éthique".