La Libye bouillonne: Le peuple doit choisir entre la guerre et le dialogue, selon le fils de Kadhafi.
Seïf Al-Islam, le fils du numéro un libyen Mouammar Kadhafi, a affirmé dimanche soir que le peuple libyen devait choisir soit de construire une "nouvelle Libye" soit de plonger dans la "guerre civile", alors que les affrontements ont gagné la capitale Tripoli dans la nuit de dimanche à lundi.
Lors d'une allocution télévisée Seïf Al-Islam a menacé que "la Libye est à un carrefour. Soit nous nous entendons aujourd'hui sur des réformes, soit nous ne pleurerons pas 84 morts mais des milliers et il y aura des rivières de sang dans toute la Libye".
Au sujet des réformes, il a annoncé que le Congrès général du peuple (Parlement) se réunira bientôt pour décider d'un nouveau code pénal et de nouvelles lois donnant "des perspectives de liberté" pour la presse et la société civile, ainsi que du lancement d'un dialogue sur une Constitution.
"Nous avons eu les réformes que nous voulons avec moindre pertes et moindre problèmes", a-t-il dit.
"De la première à la deuxième Jamahiriya" libyenne, a-t-il dit. "Si vous voulez qu'on change le drapeau et l'hymne national, on le fera".
Seïf Al-Islam a répété à plusieurs reprises le chiffre de 84 morts dans les violences qui ont débuté la semaine dernière en Libye et affirmé que les bilans donnés par "les médias étrangers" étaient "très exagérés".
Selon Human Rights Watch, au moins 233 libyens ont été tués depuis le 17 février. Citant des témoins, la chaine AlJazira avait avancé plus de 300 morts.
La plupart des victimes ont été tuées à Benghazi, deuxième ville du pays à 1.000 km à l'est de Tripoli, mais des heurts sanglants ont éclaté samedi à Musratha (est) et Zaouia (ouest).
Des tirs nourris ont également été entendus dimanche soir dans plusieurs quartiers de Tripoli, ont rapporté des témoins.
Des affrontements entre opposants et sympathisants du numéro un libyen ont notamment eu lieu sur la Place verte de Tripoli.
Seïf Al-Islam a en outre prétendu que la Libye était la cible d'un complot étranger et a reconnu que plusieurs villes du pays, dont Benghazi et Al-Baïda dans l'est du pays, étaient la proie de violents combats et que les émeutiers s'étaient emparés d'armes militaires.
"Maintenant tout le peuple libyen est armé. Je m'adresse à vous et pour la dernière fois avant de recourir aux armes", a-t-il dit, estimant que la Libye n'était "pas la Tunisie ni l'Egypte", en allusion aux révolutions de ces deux pays qui ont conduit à la chute de leurs régimes.
"Notre moral est au plus haut et le leader Mouammar Kadhafi, ici à Tripoli, conduit la bataille et nous le soutenons ainsi que nos forces armées (...) Nous ne lâcherons pas la Libye et nous combattrons jusqu'au dernier homme, jusqu'à la dernière femme et jusqu'à la dernière balle".
"En ce moment des chars se déplacent dans Benghazi conduits par des gens ivres. A Al-Baïda, les gens ont des fusils et des nombreux dépôts de munitions ont été pillés. Nous avons des armes, l'armée a des armes, les forces qui veulent détruire la Libye ont des armes", a-t-il lancé.
Selon lui, les affrontements sont provoqués par des éléments libyens et étrangers visant à détruire l'unité du pays et instaurer une république islamique.
Peu avant, le Premier ministre Al-Baghdadi Al-Mahmoudi a indiqué que la Libye était en "droit de prendre toutes les mesures" pour préserver l'unité du pays, lors d'une réunion avec les ambassadeurs des pays de l'Union européenne à Tripoli, selon l'agence Jana.
REACTIONS OCCIDENTALES TIMIDES
Côté des réactions, elles ont été timides. Les Européens ont appelé "à la retenue, en exhortant à mettre fin aux violences et à entamer un dialogue".
Peu auparvant, la présidence hongroise de l'UE, avait révélé que les autorités libyennes ont menacé de cesser sa coopération dans la lutte contre l'immigration si l'Europe "encourage" les manifestations dans le pays.
Le ministre tchèque des Affaires étrangères, a même prédit "de plus grandes catastrophes dans le monde en cas de chute de Kadhafi", appelant les Européens à la retenue.
"En ce moment, si nous nous mêlons de la situation, nous ne ferions que
compliquer l'affaire", a estimé Karel Schwarzenberg à son arrivée, dimanche, à un dîner de travail à Bruxelles avec ses homologues européens. Selon lui, l'Europe devait faire preuve de "la plus grande retenue".
Pour sa part, la Ligue arabe a appelé dans un communiqué "à cesser immédiatement tous les actes de violence".