Les acteurs de l’Otan se démarquent de l’exécution sommaire de l’ex-leader libyen.
Le ministre britannique de la Défense, Philip Hammond, a estimé dimanche que la "réputation" des nouvelles autorités libyennes avait été "un peu ternie" par la mort de l'ex-dirigeant Mouammar Kadhafi, tué jeudi dans des circonstances encore floues.
"Le jeune gouvernement libyen comprendra que sa réputation dans le monde est un peu ternie par ce qui s'est passé", a déclaré le ministre lors d'une interview à la BBC. "Je suis sûr qu'il voudra tirer cela au clair, de façon à reconstruire et à redorer sa réputation", a-t-il ajouté.
"Ce n'est pas une façon de procéder, ce n'est pas la façon dont nous aurions aimé que cela se passe", a-t-il ajouté.
"Nous aurions aimé voir le colonel Kadhafi devant la justice, idéalement devant la Cour pénale internationale, pour répondre de ses méfaits, non seulement en Libye mais aussi pour les nombreux actes de terrorisme qu'il a soutenus et perpétrés hors de Libye, et pour lesquels nous, Britanniques, avons un nombre disproportionné de victimes", a-t-il dit.
Il faisait référence notamment à l'attentat de Lockerbie qui avait fait 270 morts en 1988 et à la mort de la policière britannique Yvonne Fletcher, tuée par un tir en provenance de l'ambassade libyenne à Londres en 1984.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, avait indiqué jeudi, après la mort de Mouammar Kadhafi, qu'il désapprouvait "les exécutions extrajudiciaires", en se défendant de spéculer sur les circonstances du décès et assurant qu'il n'allait "pas le pleurer".
Dimanche, alors que le Conseil national de transition (CNT) doit proclamer la "libération totale" du pays, il n'était toujours pas clair si l'ancien dirigeant, en fuite depuis la chute le 23 août de son QG à Tripoli, avait été exécuté ou s'il avait péri dans des échanges de tirs.
Le numéro deux du Conseil national de transition (CNT), Mahmoud Jibril, a assuré que le colonel Kadhafi, 69 ans, avait succombé à des blessures par balles après des tirs croisés pendant son arrestation. Mais les images et vidéos prises au moment de son arrestation à Syrte laissent entrevoir d'autres hypothèses, comme celle d'une exécution sommaire.
Alors que plusieurs organisations internationales, dont l'ONU, ont réclamé une enquête, le président du CNT, Moustapha Abdeljalil, a confirmé samedi qu'une investigation avait été lancée.
La Grande-Bretagne a, avec la France, joué un rôle majeur dans l'intervention de l'Otan en Libye.