23-11-2024 06:24 AM Jerusalem Timing

Libye : le CNT tente de cacher ses crimes ?

Libye : le CNT tente de cacher ses crimes ?

Des habitants des régions saccagées se demandent : de quelle démocratie s’agit-il celle qui saccage tout sur son chemin ?

Nouveau mauvais signe sur la nature du prochain régime qui va gouverner en Libye : son organe politique transitoire, le CNT tente tant bien que mal de cacher les crimes et les violations commis par ses forces. Par la voix de son président, Moustafa Abdel Jalil, il nie tout en bloc, et fait adosser toutes les transgressions aux forces de Kadhafi.

Tâche facile certes, vu qu’il ne reste plus personne de ces forces pour le contrarier. Mais pas du tout persuasive : les assertions d’Abdel Jalil relèvent de mensonges de mauvaise qualité. 

Concernant le premier crime dont il devrait rendre compte, l’assassinat de Mouammar Kadhafi et de son fils Mouatassem, le chef du CNT opte pour accuser des hommes de Kadhafi, (rapporte le New York Times). Le but étant selon lui de lui épargner d’être jugé sur les crimes qu’il a commis durant les 40 ans de son règne. Très mauvais mensonge : le monde entier a vu les images de l’ex-leader emmené hystériquement après avoir été blessé (par le raid de l’Otan, semble-t-il), sans paraitre mourant. Même constat pour son fils Mouatassem.

Pis encore, constate le journal américain, le CNT ne semble pas du tout vouloir ordonner une enquête, comme l’a sommé de le faire certains états occidentaux et des organisations internationales.
 Il a feint acquiescer. Mais sans préciser la nature de la commission, ni la méthode de l’enquête, ni sa référence. Difficile à gober qu’il veuille aller plus loin.

Concernant la deuxième violation dont le CNT doit rendre des comptes, Abdel Jalil a recours au même procédé : nier toute responsabilité et l’incomber aux pro- Kadhafi. En effet l’affaire des 52 cadavres retrouvés exécutés dans un hôtel de Syrte risque elle aussi  de ne jamais être élucidé ni de voir ses auteurs jugés. Sachant que des témoins sur place ont affirmé au New York Times que les victimes sont dans leur majorité des responsables de l’ancien régime, ainsi que  des combattants et des civils. Ils avaient été retrouvés avec les mains ligotés au dos. Dans un premier moment, des médias arabes ont laissé croire qu’ils sont des hommes du CNT exécutés par les pro-Kadhafi. 

Dans cette affaire aussi, constate le New York Times, au lieu de mener une enquête, des bénévoles du CNT s’attellent sur la scène du crime pour éliminer tous les indices qui peuvent confirmer le massacre. Les ligots en plastique ayant servi à ligoter les victimes ont été ramassées. Aucun responsable du CNT n’a fait le déplacement à Syrte pour ordonner une enquête, constate le quotidien américain lequel décrit le massacre comme étant « la pire des violations commises durant la guerre civile qui a duré 9 mois ».

 

Une troisième affaire recensée par le journal américain semble elle aussi subir le même dénouement que les deux précédentes : l’assassinat du commandant des forces du CNT, Abdel Fattah Younes, tué le mois de juillet dernier et brulé. La dessus, le président du CNT tente la même manœuvre, en incombant la responsabilité aux forces de Kadhafi. Sachant que les collaborateurs du commandant à Benghazi avaient affirmé que son assassinat est une affaire interne, en imputant la responsabilité à des groupes islamistes. 

 

Le journal s’étonne aussi que le CNT n’ait pas ouvert une enquête sur les violations perpétrées dans la localité de Touareka dont les maisons ont été pillées et détruites et qui a été abandonnée par ses habitants.

Il évoque aussi le sort de Syrte  qui semble pire. Les rebelles l’ayant abandonné en ruines, après avoir pillé tout ce qu’ils trouvaient sur leur chemin : des appareils électriques, des voitures, des générateurs. De plus, ils ont délabré ses murs, y inscrivant les noms des brigades de l’opposition.
De retour vers leurs maisons, les habitants furent stupéfaits. «  Quelle démocratie est donc celle qui détruit tout sur son chemin même les quartiers non impliqués dans la bataille », a grogné l’un d’entre eux.

Même déception devant les scènes sinistres que présente Misrata. Des combattants du CNT qui en sont originaires semblaient regretter leurs choix. D’aucuns ont confié au New York Times que s’ils avaient su ce qui allait se passer, ils n’auraient jamais rejoint les rangs de l’opposition !