Moubarak fait la sourde oreille aux dizaines de milliers de manifestants appelant à sa chute.
Un véritable séisme a ébranlé, vendredi, l'Égypte, faisant trembler le trône de Hosni Moubarak, qui règne sans partage depuis 1981. Des centaines de milliers de manifestants ont crié partout en Egypte : A bas Moubarak.Faisant la sourde oreille, le pharaon d’Egypte, n’a pas renoncé au pouvoir. Il s’est, par contre, plié à la demande de l’administration américaine, en annonçant dans son allocution de onze minutes à la télévision égyptienne, vers 23h, qu’il formera un nouveau cabinet à partir de ce samedi.
Le président égyptien a aussi plaidé en faveur d'une série de réformes démocratiques, après s'être dit « déterminé à assurer la stabilité de l'Egypte», car « ce qui s'est produit s'inscrit dans une tentative de déstabilisation de l'Egypte», selon ses propres termes.
«Il y aura de nouvelles mesures pour une justice indépendante, la démocratie, pour accorder davantage de liberté aux citoyens, pour combattre le chômage, améliorer le niveau de vie, développer les services et soutenir les pauvres», a ajouté Moubarak.
Malgré l'annonce télévisée du Président, les manifestants, au Caire, ont continué à réclamer son départ.
Mais l'armée prenait le contrôle de la place Tahrir, dans le centre du Caire, où des milliers de manifestants s'étaient regroupés malgré le couvre-feu.
PAS DE REPIT POUR LES MANIFESTANTS
Côté des manifestants pas de répit. Samedi matin, des milliers hostiles au régime du président Hosni Moubarak ont commencé à se rassembler dans le centre du Caire.
"Allahu Akbar!" (Dieu est le plus grand), "le peuple veut la chute du président", scandaient des centaines de manifestants samedi matin à la place Tahrir alors que des milliers d'autres affluaient dans ce secteur au coeur de la capitale égyptienne.
"Moubarak va-t-en", scandaient également les manifestants.
Des heurts violents ont, en outre, éclaté samedi dans la grande ville d'Ismaïliya, sur le canal de Suez, entre les forces de l'ordre et des milliers de manifestants demandant le départ de Moubarak.
LE VENDREDI DE LA COLERE
Très vite, la police a perdu le contrôle. À la tombée du jour, les forces anti-émeutes reculaient sur les principaux ponts sur le Nil, perdus dans la fumée.
Un peu partout, les images diffusées par les télévisions montraient des incendies ayant visé des bâtiments du Parti de Moubarak (PND), des postes de police, et des gouvernorats .
C'est alors que les véhicules blindés de l'armée ont fait leur apparition dans les rues. La télévision d'État a annoncé un couvre-feu nocturne dans la capitale, à Alexandrie et à Suez, puis dans l'ensemble du pays.
Outre les centaines des détenus depuis mardi (soit 1 mille), on dénombrait plus de 20 morts et près de 1 030 blessés dont 13 morts et 75 blessés à Suez.
WASHINGTON APPELLE SON ALLIE A DES REFORMES
À Washington, le président américain Barack Obama, n'a pas appelé son homologue égyptien Hosni Moubarak à se plier à la demande de son peuple, comme il le fait avec les opposants au régime iranien, hostile à Israël.
Mais il s’est contenté d’exhorter Moubarak à prendre des mesures "concrètes" en faveur de réformes politiques et à ne pas avoir recours à la violence contre les manifestants hostiles à son régime.
Pour sa part, la secrétaire d'État Hillary Clinton qui, 24 heures plus tôt, qualifiait le régime de « stable », jugeait vendredi soir la situation « inquiétante ».
Elle a appelé Moubarak à refréner les forces de sécurité et à engager des soi-disant « réformes immédiates » .