Les forces et mercenaires de Kadhafi tuent des centaines de civils. Froideur dans les réactions occidentales.
Au su et au vu du monde entier, le Néron de la Libye, au pouvoir depuis 42 ans, décide de bruler le pays et massacrer le peuple qui a osé réclamer son départ.
Des centaines de libyens à Tripoli et Benghazi et dans d’autres régions ont été tués par les bombardements de l'aviation des forces de Kadhafi.
Selon des habitants des quartiers de Fachloum et Tajoura, dans la banlieue Est de Tripoli, des hélicoptères avaient déposé lundi des mercenaires africains qui ont tiré sur tous les passants, faisant un grand nombre de morts. Les mercenaires ouvraient même le feu sur les ambulances afin d’alourdir le bilan des morts.
"Des hommes armés tirent sans distinction. Il y a même des femmes qui sont mortes", a indiqué un des habitants de Tajoura, joint par téléphone, qualifiant les évènements de "massacre".
La Fédération internationale des Ligues de droits de l'Homme (FIDH) a avancé un bilan de "300 à 400 morts", depuis le début des contestations contre le régime, le 15 février.
Le pays est quasi isolé du monde étant donné que les communications téléphoniques et l'accès à internet restent très perturbés.
SEIF AL-ISLAM ET LA TELEVISION OFFICIELLE DEMENTENT
En revanche au niveau officiel, Seïf Al-Islam, fils de Kadhafi, qui a brandi dimanche la menace d'un bain de sang, a reconnu que l'armée avait mené des bombardements, tout en prétendant que ceux-ci visaient des dépôts d'armes loin des zones urbaines. Il a même annoncé la création d'une commission d'enquête sur les violences.
Même son de cloche à la télévision officielle libyenne. Celle-ci a démenti mardi des informations sur des "massacres" contre les manifestants anti-régime, dénonçant des "mensonges et des rumeurs".
Des témoins de la capitale libyenne avaient fait état de massacres sans précédent dans certains quartiers de Tripoli, après l'annonce par la télévision officielle que les forces de sécurité prenaient d'assaut "les nids de saboteurs".
KADHAFI FAIT UNE BREVE APPARITION
Entre-temps, Kadhafi est brièvement apparu en "direct" lundi soir sur la télévision d'Etat libyenne, depuis sa résidence de Bab Al Azizia à Tripoli.
"Je vais voir les jeunes sur la place verte. C'est juste pour prouver que je suis à Tripoli et non au Venezuela et démentir les télévisions, ces chiens", s'est-il contenté de dire en réponse aux informations diffusées lundi par plusieurs télévisions et médias internationaux, selon lesquelles il aurait quitté la Libye pour le Venezuela.
Les images diffusées par la télévision montraient Kadhafi, en manteau, s'apprêtant à monter dans une voiture, alors qu'il tenait un parapluie pour se protéger de la pluie.
LES REACTIONS OCCIDENTALES RESTENT TIMIDES
Les réactions des pays occidentaux n’étaient toujours pas à la hauteur du bain de sang qui frappait la Libye.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a déclaré lundi à Kadhafi, lors d'une conversation téléphonique, que les violences devaient "cesser immédiatement".
Ban s'est également dit "indigné" par les informations selon lesquelles les forces de l'ordre ont tiré sur des manifestants à partir d'avions et d'hélicoptères.
La chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, s’est contentée d’appeler à "l'arrêt du bain de sang " qu’elle a qualifié d’"inacceptable".
Les 27 pays de l'Union européenne ont eux aussi timidement "condamné" dans une déclaration commune la répression des manifestations, tout comme le secrétaire général de l'Otan.