Ses membres s’efforcent d’imposer la lecture wahhabite des rites du pèlerinage, par différents moyens.
Les pèlerins à la Mecque sont de plus en plus agacés par les tentatives saoudiennes d’imposer leur perception sur les rites du Hajj.
Agression, interdiction, sommation et réprimande: les membres de la police religieuse sensés en principe veillés au repos des pèlerins ne se ménagent plus.
Plusieurs évènements dramatiques en témoignent cette année.
Le dernier est lié au Mont de la lumière (Jabal Nûr), lequel abrite la grotte al-Hira’, lieu de la Révélation où se recueillait le prophète Mohammad (s), pour méditer, adorer et implorer Dieu.
Destination incontournable de nombreux pèlerins, qui se plaisaient à grimper ardument cette montagne rocheuse noire, les autorités religieuses saoudiennes ont décidé d’en interdire l’accès depuis deux ans. La raison invoquée : c’est une hérésie. Cette interprétation rigoriste relève de l’école wahhabite, et n’est nullement partagée par les autres écoles et confessions de l’Islam.
Depuis que le duel politico-religieux Saoud-Cheikh s’est emparé des lieux saints, de nombreux sites liés à l’histoire de l’Islam et de son prophète (p) ont progressivement été interdits, et leurs aspects furent modifiés.
Or cette année, rapporte l’agence Reuters, de nombreux pèlerins ont décidé d’enfreindre cette décision et de grimper la montagne de 660 mètres d’altitude.
« C’est un lieu saint, j’ai lutté pour arriver là-bas. C’est une bonne lutte. J’ai été pris d’un sentiment de pendant que je le grimpais », a indiqué Asma’ Mohammad, 30 ans et originaire d’Egypte, affirmant sentir qu’elle est désormais plus proche du prophète Mohammad (p), pour avoir suivi ses traces.
Un autre pèlerin venant de Syrie s’est quant à lui vanté d’être parvenu à regagner le sommet de la montagne malgré sa jambe artificielle : « je suis monté ici parce que le prophète y venait pour prier et implorer Dieu... Je n’ai ressenti aucune douleur », s’est-il targué.
Avant l’interdiction, les autorités saoudiennes faisaient exprès de négliger cette montagne, ravagée par les ordures et les singes.
Selon un pèlerin, certains membres de la police religieuse wahhabite s’étaient stationnés au pied de la montagne, pour expliquer aux pèlerins que la visite de la grotte en question ne fait pas partie des rites du pèlerinage, et qu'il ne faut surtout pas y prier ou y embrasser les pierres.
La semaine dernière, des membres de la police religieuse ont roué de coups et arrêté pendant 24 heures un jeune pèlerin canadien d’origine irakienne, Oussama AlAttar, cheikh et docteur en chimie. Selon des témoins sur place, il récitait une salutation adressée à l’esprit des membres de la famille du prophète, enterrés dans le cimetière d’Al-Baki’, dans la Médine, également interdit d’accès. C’est grâce à une plainte de l’ambassade du Canada qu’il semble avoir été relâché le lundi dernier.
Selon le porte-parole de la Commission islamique des droits de l'Homme, basée à Londres, Massoud Shadjareh, « cette arrestation reflète l'intolérance de l’Arabie envers les musulmans qui ne suivent la conservatrice branche wahhabite de l'Islam menée dans ce pays ».
De nombreux pèlerins des saisons précédentes s’étaient également plaints que des membres de la police religieuse grondaient les pèlerins qui, pendant les tours de la Kaaba, accouraient pour embrasser le mausolée d’Ibrahim, en leur disant : « Ne faites pas ceci, ce sont les chiites qui le font». Comme s’ils voulaient insinuer que les chiites ne sont pas des Musulmans !
Justement, et dans ce contexte, les autorités saoudiennes ont interdit à des centaines de saoudiens venants de la région de Sharkiyyé (à majorité chiite) de se rendre à La Mecque pour y effectuer le hajj.
Selon le site en ligne, « Nahrein.net », des dizaines de bus venant particulièrement des villes d’Ihça’ et d’Awwamiyé ont été contraints à rebrousser chemin aux portes de la ville sainte, malgré les implorations des vieux et des femmes.
Durant ces derniers mois, ces deux villes ont été le théâtre de plusieurs manifestations revendiquant des réformes politiques et la libération des de prisonniers politiques.