Des heurts entre des milliers de manifestants et partisans du régime munis de matraques et de poignards ont fait cinq blessés ce mardi à Sanaa, alors que le pouvoir au Yémen mobilisait ses troupes pour une manifestation d’envergu
Des heurts entre des milliers de manifestants et partisans du régime munis de matraques et de poignards ont fait cinq blessés ce mardi à Sanaa, alors que le pouvoir au Yémen mobilisait ses troupes pour une manifestation d'envergure mercredi.
Un millier de protestataires avaient passé leur deuxième nuit consécutive sur une place attenant à l'Université de Sanaa, rebaptisée "Place de la Libération" à l'instar de celle qui fut l'épicentre du soulèvement au Caire, sans être inquiétés par les partisans du régime.
Mais le matin, des heurts ont opposé les protestataires, dont le nombre s'est élevé à quelque 4.000, à des partisans du Congrès populaire général (CPG, parti au pouvoir) rassemblés sur une place distante de quelques centaines de mètres.
Cinq personnes ont été blessées dans ces heurts au cours desquels les partisans du président Ali Abdallah Saleh ont fait usage de matraques et de poignards, avant que la police n'intervienne pour disperser les deux camps.
Des représentants des influentes tribus sont venus dans la journée grossir les rangs des protestataires qui avaient entamé dans la nuit de dimanche à lundi un sit-in devant l'Université, réclamant le départ de Saleh au pouvoir depuis 32 ans.
Les orateurs se sont succédés à la tribune, appelant à la chute du régime mais aussi à "soutenir la révolte des jeunes Libyens contre le tyran Mouammar Kadhafi". L'un d'eux a annoncé que les protestataires avaient reçu "un message d'appui des jeunes Egyptiens, donnant des conseils sur les moyens d'organiser le sit-in et de faire face aux tirs de grenades lacrymogènes".
Le sit-in a été organisé après la décision de l'opposition parlementaire de se joindre à la contestation jusque là menée essentiellement par des étudiants.
Saleh a cependant déclaré qu'il ne partirait "que par les urnes". Son parti a appelé ses partisans à une manifestation "d'un million de personnes" mercredi matin, qui devrait se diriger vers la place Sabine, devant le palais présidentiel à Sanaa.
A Aden, la grande ville du sud, la police a dispersé lundi soir par des jets de grenades lacrymogènes et des tirs à balles réelles des milliers de manifestants qui ont défilé aux cris "Le peuple veut la chute du régime" et "Pas de dialogue". Pour la première fois depuis une semaine, ces manifestations n'ont cependant pas fait de victimes dans cette ville où 12 personnes ont été tuées dans la dispersion de manifestations depuis le 16 février.
Comme chaque nuit, des manifestants ont bloqué la circulation en jetant des pneus enflammés dans les rues. Ils ont également mis le feu à la voiture d'un responsable des services de sécurité selon des témoins. Des centaines de personnes ont en outre poursuivi des sit-in sur deux places d'Aden, dans les quartiers de Crater et de Mansoura, brandissant comme à Sanaa des banderoles affirmant "Le peuple veut la chute du régime" et "Pars, Ali".
A Taëz, à 270 km au sud-ouest de Sanaa, des milliers d'habitants ont également poursuivi un sit-in dans le centre-ville, exigeant le départ du chef de l'Etat.
La veille, la contestation contre le régime s'est étendue au nord chiite où les manifestants ont proclamé leur soutien aux protestataires qui ne cessent de manifester à Sanaa, Aden et dans d'autres villes du pays pour réclamer des réformes radicales.