Les indignés ont ouvert la voie à une bataille judiciaire avec la municipalité de Londres.
Les militants anticapitalistes qui campent dans la City de Londres ont refusé de se soumettre à l'ultimatum qui leur avait été donné de plier leurs tentes d'ici jeudi 18 heures (locale et GMT), ouvrant la voie à une bataille judiciaire avec la municipalité de Londres.
La ville de Londres "ira au tribunal demain (vendredi) pour entamer la procédure (judiciaire), et une audience à la Haute Cour est prévue mercredi", a déclaré l'un des avocats des manifestants, John Cooper, en s'adressant jeudi soir aux "indignés" au pied de la cathédrale Saint-Paul.
"La police peut vous faire partir seulement s'il y a un incident d'ordre public et selon moi, il n'y en a pas eu", a expliqué un autre avocat, Karen Todner.
L'expiration de l'ultimatum donné mercredi par les autorités municipales aux "indignés" marque le début d'une action en justice.
Une procédure qui pourrait prendre des semaines, toute évacuation par la force sur la voie publique devant être autorisée par un juge.
Dans le camp d'une centaine de tentes, les protestataires ne croyaient donc pas à la répétition du scénario de New York, où la police était intervenue en pleine nuit en début de semaine pour déloger les militants d'"Occupy Wall
Street".
"Je ne suis pas du tout inquiet (...) et je suis sûr que s'il y avait un recours à la violence contre le campement, on serait de retour deux fois plus nombreux", estime Sam Carlisle, qui dirige l'équipe des informaticiens du
campement.
"Jusqu'à ce que la politique change, jusqu'à ce que le gouvernement montre qu'il a écouté, compris et traduit en actes ce pour quoi nous nous battons, nous n'irons nulle part", dit-il.
Même son de cloche chez Matthew Legg, installé sous la tente qui sert de bibliothèque. "La répression ne nous arrêtera pas, au contraire cela nous aidera parce que cela montrera clairement que nous avons raison et qu'ils ont
tort", juge le jeune homme de 19 ans originaire du Dorset (sud), qui vit dans le campement depuis une semaine.
Adèle Giraud, une Française de 21 ans, a rejoint le mouvement "Occupy LSX" (London Stock Exchange) il y a deux semaines, après avoir brièvement campé à la Défense, près de Paris. Elle est venue parce qu'elle en a "marre de ce monde" et de voir "1% de la population qui se remplit les poches".
"Ma grand-mère nous appelle la génération sacrifiée", dit-elle. Mais "ce mouvement peut changer les choses. Cela peut mettre le doigt sur les zones sensibles de nos sociétés", espère-t-elle.
Organisé comme un village alternatif, le campement est installé depuis le 15 octobre devant Saint-Paul, en plein coeur de la "City", quartier des affaires à Londres.
Les autorités municipales ont décidé cette semaine de relancer une action légale pour le démanteler, affirmant que ces tentes constituent une "obstruction illégale de la voie publique".
L'action légale avait été un temps suspendue, après la décision des responsables de la cathédrale Saint-Paul de se retirer de la procédure.
L'attitude à adopter à l'égard des protestataires a profondément divisé les responsables religieux de l'édifice, au point que trois d'entre eux, dont le doyen, ont remis leur démission.
Fin octobre, la cathédrale avait dû fermer ses portes aux visiteurs quelques jours pour des raisons de sécurité et d'hygiène, une première depuis la Seconde guerre mondiale.