24-11-2024 04:04 AM Jerusalem Timing

Tensions franco-allemandes sur le rôle de la BCE pour faire le créancier

Tensions franco-allemandes sur le rôle de la BCE pour faire le créancier

Tensions entre Républicains et Démocrates aux USA sur un accord pour réduire le déficit du budget fédéral

Des tensions entre la France et l'Allemagne sur le rôle de la Banque centrale européenne dans le sauvetage de l'euro sont apparues clairement mardi alors que la crise ne faiblit pas, l'Espagne ayant dû emprunter sur les marchés à des taux d'intérêt supérieurs à ceux de la Grèce.
  
La chancelière allemande Angela Merkel a déclaré que faire de la BCE le créancier en dernier recours des pays de la zone euro "ne marchera en aucun cas, en tout cas pas sur la durée".
   "Au bout d'un moment on se rendra compte que ce qui est dans le bilan de la BCE doit être recapitalisé, et on se tournera à nouveau vers les Etats", a-t-elle prédit dans une déclaration faite à Berlin.
  
La BCE doit s'abstenir d'intervenir massivement dans la crise, a renchéri le président de la très orthodoxe banque centrale allemande, Jens Weidmann. Ce serait "une faute grave" et "minerait encore plus la confiance".
  
Une position opposée à celle de la France qui essaie d'amener Berlin à infléchir sa position en autorisant l'institut monétaire européen à prêter sans limite aux pays fragiles.
   "Nous restons sur une difficulté majeure, c'est de convaincre l'Allemagne que nous devons doter la zone euro d'un instrument de défense de notre monnaie, qui passe par une certaine évolution du rôle de la Banque centrale", a reconnu mardi le Premier ministre français François Fillon, cité par un parlementaire.
  
L'ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'Union européenne, William Kennard, a laissé entendre lui aussi mardi que la BCE avait le "potentiel" de faire davantage afin de résoudre une crise qui inquiète le monde entier. Un sommet entre l'UE et les Etats-Unis aura lieu le 28 novembre à Washington.
  
M. Kennard a cité en exemple le rôle de la banque centrale américaine, la Fed, qui agit en tant que "prêteur en dernier ressort" de l'administration en rachetant sans limite sur les marchés les emprunts du Trésor américain.
  
Une source proche de la Commission européenne a aussi estimé que la BCE était "l'alternative principale" à court terme pour lutter contre la propagation de la crise de la dette.
  
Le sujet pourrait être également sur la table du mini-sommet prévu jeudi à Strasbourg entre le président français Nicolas Sarkozy, Mme Merkel et le président du Conseil italien Mario Monti.
   Ce dernier était mardi à Bruxelles pour des entretiens avec les présidents de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et de l'UE, Herman Van Rompuy.
  
M. Monti, qui a annoncé peu après sa nomination la semaine dernière un ambitieux programme d'austérité et de relance pour restaurer la crédibilité de l'Italie et contribuer à sauver l'euro, a laissé planer le doute sur la capacité de son pays à tenir son engagement de ramener ses comptes publics à l'équilibre en 2013.
  
Il s'est demandé s'il ne fallait pas prendre en compte le "cycle" économique actuel, marqué par un net ralentissement de l'activité, pour "calculer" l'objectif.
 En parallèle, le chef de file des ministres des Finances Jean-Claude Juncker s'est entretenu à Luxembourg avec le nouveau Premier ministre grec Lucas Papademos. M. Juncker s'est dit "assez optimiste" sur le fait que la Grèce puisse obtenir mardi le feu vert de la zone euro au déblocage d'une tranche d'aide de 8 milliards d'euros, vitale pour Athènes.
  

Après avoir dévissé lundi, les Bourses européennes étaient globalement à l'équilibre mardi après-midi.
   Paris était cependant à nouveau dans le rouge, après un nouvel avertissement de l'agence Moody's lundi, qui risque de se traduire par une prochaine dégradation de la note "triple A" de la France. M. Juncker a réagi en estimant qu'il ne voyait "aucune raison de court ou moyen terme" à une telle dégradation.
   Dans ce climat, le Trésor espagnol a émis mardi pour 2,978 milliards d'euros de bons à trois et six mois, devant concéder des taux d'intérêt en très forte hausse, supérieurs à ceux de la Grèce et du Portugal il y a quelques jours lors d'opérations similaires.
  
L'agence de notation Fitch a annoncé mardi qu'elle maintenait la note AA- de l'Espagne mais a appelé à des "mesures supplémentaires" pour réduire le déficit public.
  
Mme Merkel a souligné le besoin de réformes rapides en Espagne, dans une lettre au vainqueur des législatives de dimanche, le chef des conservateurs espagnols Mariano Rajoy.
  
Les marchés restaient inquiets également après les mauvaises nouvelles venues des Etats-Unis où, après trois mois d'efforts, la "super-commission" du Congrès a annoncé lundi qu'elle n'était pas parvenue à un accord pour réduire de 1.200 milliards de dollars le déficit du budget de l'Etat fédéral.

Dette américaine: échec au Congrès après des mois d'efforts

 Lundi, la "super-commission" chargée de réduire la dette des Etats-Unis a annoncé ne pas être parvenue à un accord entre gauche et droite, après trois mois d'efforts, adressant un signal négatif aux marchés financiers au moment où l'Europe se débat aussi avec son endettement.
  

Le président américain Barack Obama a rejeté sur les républicains la faute de l'échec des travaux de la commission du Congrès, estimant que trop d'entre eux "refusent d'entendre les voix de la raison et du compromis".
 "Nous sommes profondément déçus de ne pas être parvenus à un accord de réduction du déficit entre les deux partis" démocrate et républicain, ont indiqué la sénatrice démocrate Patty Murray et le représentant républicain Jeb Hensarling dans un communiqué commun.
 "Malgré notre incapacité à résoudre les divergences significatives au sein de la commission, nous mettons un terme à ce processus en étant unis dans la conviction que la crise de la dette dans laquelle notre pays est plongé doit être résolue et qu'on ne peut pas attendre la prochaine génération pour que cela soit fait", ont ajouté les deux parlementaires.
  

Les 12 membres de cette commission mixte --six républicains et autant de démocrates-- étaient chargés de réduire le déficit de 1.200 milliards de dollars et avaient jusqu'à mercredi minuit pour adresser leurs recommandations.
  

Intervenant quelques minutes après le constat d'échec de la commission, M. Obama, tout en assurant que les Etats-Unis ne risquaient pas un défaut de paiement, s'est dit déterminé à maintenir la pression sur les élus et a menacé d'opposer son veto à toute tentative du Congrès d'atténuer les réductions budgétaires qui doivent désormais automatiquement entrer en vigueur. 
  

Bien avant l'annonce de leur constat d'échec, les élus avaient paru plus que jamais divisés sur les moyens d'arriver à une réduction de la dette, les démocrates misant sur des hausses d'impôts pour les plus riches, les républicains prônant des coupes drastiques dans les programmes sociaux.
  

Faute d'accord, la loi prévoit la mise en oeuvre automatique, à partir de 2013, de réductions des dépenses à hauteur de 1.200 milliards sur dix ans, réparties à part égale entre la défense et les programmes sociaux.
  

La réduction de la dette, qui atteint 15.000 milliards de dollars, sera sans aucun doute un des thèmes majeurs de la campagne pour la présidentielle de l'an prochain.
   Le président Obama, candidat à sa réélection, a déjà prévenu qu'au cours de sa propre campagne, il ne manquerait pas de fustiger la posture républicaine qui consiste à refuser coûte que coûte des hausses d'impôts pour les Américains les plus aisés.
  

A court terme, l'impasse sur la réduction de la dette conjuguée aux convulsions économiques européennes pourrait envoyer un signal négatif aux marchés.
  

Le ministre japonais des Finances a d'ailleurs dit mardi craindre une "grosse déception" des marchés après l'échec surt un accord. "Je vois une grosse déception sur les marchés", a expliqué Jun Azumi lors d'une conférence de presse, ajoutant qu'il craignait un effet négatif sur la Bourse de Tokyo.

"La situation est très grave et, à plusieurs égards, inédite", avait jugé dimanche la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, mettant en garde contre d'éventuels troubles sociaux si la stagnation de la croissance et le haut niveau de chômage continuaient à entamer le moral des marchés.
  

Cependant, l'agence d'évaluation financière Standard and Poor's a maintenu la note attribuée à la dette des Etats-Unis, "AA+". Mais S&P a indiqué que celle-ci restait menacée d'un abaissement.
 S&P avait retiré l'été dernier la note "AAA" des Etats-Unis après un précédent échec des négociations budgétaires au Congrès, provoquant un coup de tabac sur les marchés mondiaux.

Ce mardi, le gouvernement américain a annoncé avoir revu en baisse de 0,5 point la croissance du PIB des Etats-Unis au troisième trimestre.
Selon le département du Commerce, celle-ci a atteint 2,0% en rythme annualisé de juillet à septembre, alors que la prévision médiane des analystes donnait une confirmation de l'estimation initiale du ministère (2,5%).