Les manifestants pas convaincus par le discours de Tantaoui qui dit être prêt à organiser un référendum sur le transfert du pouvoir.
De violents affrontements opposaient mercredi pour le cinquième jour la police à des milliers d'Egyptiens réclamant le départ des militaires au pouvoir, malgré la promesse du chef de l'armée d'organiser une élection présidentielle mi-2012 pour un retour au pouvoir civil.
Pour la première fois, des médecins ont fait état de décès par balles réelles au cours de ces violences dans lesquelles trois personnes ont péri dans la matinée, portant le bilan des morts à au moins 33 depuis samedi.
Les militants égyptiens accusent les policiers de viser les manifestants au visage, plusieurs d'entre eux ayant perdu l'usage d'un œil.
Dans le même temps, la contestation hostile aux militaires qui dirigent le pays depuis la chute du président Hosni Moubarak le 11 février continuait de secouer de nombreuses villes à travers le pays.
Des affrontements étaient notamment signalés à Alexandrie et Port-Saïd (nord), Suez, Qena (centre), Assiout et Aswane (sud) ainsi que dans la province de Daqahliya, dans le delta du Nil.
Tantaoui se dit engagé à organiser une présidentielle avant fin juin 2012
Sous la pression des manifestants, le maréchal Hussein Tantaoui, chef d'Etat de fait, s'est engagé mardi soir à organiser une présidentielle avant fin juin 2012, se disant prêt à remettre le pouvoir immédiatement si un éventuel référendum en décidait ainsi.
Tantaoui a également déclaré que les législatives se tiendraient comme prévu à partir de lundi prochain, malgré la grave crise politique et les affrontements.
Il a aussi accepté la démission remise la veille du gouvernement du Premier ministre Essam Charaf, nommé par le conseil militaire en mars dernier pour gérer les affaires courantes. Il n'a toutefois pas annoncé le nom du prochain Premier ministre.
Ces annonces ont été faites à l'issue d'une réunion du CSFA avec plusieurs mouvements politiques, dont les Frères musulmans, pour chercher une issue à la crise.
Le CSFA a évoqué durant cette réunion la possibilité de nommer l'ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed ElBaradei, comme nouveau Premier ministre, a affirmé à l'AFP une source militaire, mais cette hypothèse n'a pas été confirmée.
M. ElBaradei a quant à lui dénoncé un "massacre" sur la place Tahrir, en accusant les forces de sécurité d'utiliser "du gaz lacrymogène contenant des agents innervants".
Les révolutionnaires rejettent les « décisions confuses » de Tantaoui
Mais les protestataires, déterminés à rester sur Tahrir par milliers, disent ne pas croire un mot des paroles du maréchal, ministre de la Défense sous l'ancien régime et qu'ils assimilent désormais à son ancien mentor Hosni Moubarak.
"Il est désormais clair que celui qui écrivait les discours du président déchu Moubarak est le même que celui qui écrit les discours de monsieur le maréchal", ironise le "mouvement des Jeunes du 6 avril" dans un communiqué.
Pour sa part, la coalition des révolutionnaires d’Egypte et le mouvement de l’indépendance, qui participent aux protestations sur la place Tahrir, ont rejeté ce qu’ils ont qualifié de « décisions confuses » annoncé par le chef du conseil militaire, le maréchal Hussein Tantaoui.
Ils ont affirmé qu’ils n’allaient pas non plus répéter les erreurs précédentes à savoir le retrait de la place Tahrir avant la remise du pouvoir aux civils.