Selon les autorités, 300 personnes ont été tuées.Un nouveau ministre s’est rallié à la révolution. Au niveau international,les réactions se contentent des condamnations.
La Libye a annoncé un bilan de 300 morts dans les violences dans le pays, touché depuis le 15 février par une insurrection sans précédent que Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis bientôt 42 ans, a promis de mater, appelant ses partisans à se mobiliser mercredi en sa faveur.
La plupart des victimes ont été recensées à Benghazi (104 civils et 10 militaires), deuxième ville du pays à 1.000 km à l'est de Tripoli et foyer de l'insurrection, Al-Baïda (18 civils et 63 militaires) et Derna (29 civils et 36 militaires), selon ces chiffres communiqués par le ministère de l'Intérieur.
Mardi soir, quelques heures avant la publication de ce bilan, le "Guide" libyen a promis dans un discours au ton belliqueux de rétablir l'ordre, menaçant d'un bain de sang, comme l'avait déjà fait lundi soir son fils Seif Al-Islam.
Signe des divisions au plus haut niveau du pouvoir, le ministre de l'Intérieur, Abdel Fatah Younes, a annoncé sa démission et son ralliement "à la révolution", selon des images diffusées par la chaîne satellitaire Al-Jazira.
Avant lui, celui de la Justice, Moustapha Abdel Jalil, avait déjà démissionné "pour protester contre l'usage excessif de la force" contre les manifestants, selon le journal Quryna.
Plusieurs ambassadeurs ou diplomates libyens en poste à l'étranger ont également fait défection pour signifier leur désaccord avec la violente répression des manifestations.
Selon des câbles diplomatiques obtenus par WikiLeaks et publiés mercredi par le Financial Times, Mouammar Kadhafi a bâti un vaste empire financier qui est source de sérieuses disputes entre ses enfants.
Premier Etat à rompre ses relations avec la Libye, le Pérou a annoncé mardi la suspension de "toute relation diplomatique avec la Libye tant que ne cessera pas la violence contre le peuple" libyen.
Le chef de l'Etat Alan Garcia a exprimé sa "protestation la plus énergique contre la répression exercée par la dictature libyenne de Mouammar Kadhafi contre le peuple qui exige des réformes démocratiques".
Devant la grande instabilité de la situation dans le pays, de nombreux Etats ou entreprises ont rapatrié leurs ressortissants.
La répression sanglante contre les protestataires s'est limité à des condamantions.
La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a demandé au dirigeant libyen de cesser de "menacer son peuple" et exhorté tous les Libyens "à la retenue", après l'intervention du leader.
Le Conseil de sécurité de l'ONU, réuni en urgence mardi à New York, a demandé "la fin immédiate" des violences et condamné la répression des manifestants.
La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a déploré un "bain de sang totalement inacceptable" et plusieurs élus du Congrès des Etats-Unis ont demandé des sanctions contre le régime libyen.
La Ligue arabe a annoncé que la participation de la Libye à ses réunions était suspendue "jusqu'à ce que les autorités libyennes acceptent les revendications" du peuple libyen "et assurent sa sécurité".
Sur les marchés, la poussée des protestations dans le monde arabe et particulièrement en Libye a fait trembler mardi les Bourses mondiales, en net recul, et flamber les cours de brut, sur fond de craintes pour l'approvisionnement en gaz et pétrole.