Après plusieurs jours d’affrontements meurtriers, des militants égyptiens dénoncent les policiers visant délibérément les yeux des manifestants.
Après plusieurs jours d'affrontements meurtriers, des militants égyptiens dénoncent les policiers "arracheurs d'yeux", accusant les forces de l'ordre armées de fusils, tirant notamment des balles en caoutchouc, de viser délibérément les yeux des manifestants.
Une vidéo (http://www.youtube.com/watch?v=sQse0evQzsU), vue des milliers de fois sur YouTube puis diffusée par une télévision privée, a particulièrement choqué dans le pays: elle montre un officier armé d'un fusil tirant sur les manifestants dans la rue Mohamed Mahmoud, qui mène au ministère de l'Intérieur, près de la place Tahrir.
Tournée du côté des policiers, elle montre un officier s'avancer vers les manifestants puis tirer à plusieurs reprises, tandis qu'un de ses collègues le félicite: "Dans son oeil! C'est dans son oeil! Bravo, mon ami!".
Le tireur a le visage découvert et sa photo, extraite de la vidéo, est en train de faire le tour de l'Egypte.
Sur Tahrir, des militants distribuent des tracts avec le cliché de l'officier, dont le nom est toujours inconnu, promettant une récompense de 5.000 livres égyptiennes, soit plus de 600 euros, à qui pourrait fournir des informations sur lui.
Sur l'emblématique place du Caire, à quelques mètres de la rue Mohamed Mahmoud où les tirs de la police résonnent pour le cinquième jour, les militants brandissent également un autre portrait: celui d'Ahmed Harara, le nouveau visage des multiples campagnes lancées pour "démasquer les baltaguias (voyous) de la sécurité".
Ce dentiste de 31 ans avait perdu un oeil pendant la révolte populaire qui a renversé le président Hosni Moubarak au début de l'année. Une balle en caoutchouc lui a arraché le second alors qu'il participait aux dernières manifestations, un bandeau avec l'inscription "25-Janvier" sur l'oeil droit.
L'hôpital international d'ophtalmologie du Caire, où il a été soigné, s'est porté volontaire pour accueillir les nombreuses victimes de tirs dans les yeux.
Sur le pont Qasr el-Nil qui mène à la place Tahrir, des militants ont également posé des bandages sur un oeil des célèbres statues de lions, pour dénoncer ces tirs.
Selon les chiffres officiels, plus de 2.000 personnes ont été blessées à travers le pays depuis samedi. Beaucoup d'entre elles ont été touchées par des balles en caoutchouc.
L'Intérieur a toutefois assuré que "la police n'avait pas fait usage d'armes à feu, de fusils de chasse, ou de balles en caoutchouc", n'utilisant "que des gaz lacrymogènes pour disperser les émeutiers".
De son côté, Mohamed ElBaradei, ex-chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) en campagne pour l'élection présidentielle en Egypte, a dénoncé un "massacre" avec "des balles réelles".
Mercredi, des milliers d'Egyptiens continuaient d'occuper la place Tahrir pour réclamer le départ des militaires qui dirigent le pays, après quatre jours d'affrontements entre manifestants et police qui ont fait plus de 33 morts dans toute l'Egypte et provoqué la démission du gouvernement mis en place par l'armée.