5 morts dans des tirs sur une manifestation opposée à l’accord. Le compromis signé à Ryad accorde l’immunité à Saleh et à ses proches.
Au lendemain de l’accord, parrainé par les pays du Golfe qui accorde l'immunité au président yéménite et à ses proches, les manifestants sont descendus dans les rues par milliers, à l'appel des "Jeunes de la révolution" (à l'origine du mouvement de contestation populaire contre Ali Abdallah Saleh).
"Pas de garanties, traduction en justice", scandaient les jeunes partis de la Place du Changement, où ils campent depuis neuf mois pour réclamer la démission du chef de l'Etat.
Des partisans de Saleh ont ouvert le feu en leur direction, faisant cinq morts et 34 blessés, selon un nouveau bilan de l'hôpital de campagne installé par les protestataires sur la Place du Changement.
Les manifestants s'en sont également pris à l'opposition parlementaire, le Forum Commun, qui a signé l'accord avec Saleh.
"Forum Commun, al-Islah, partez après le boucher (le président)", ont scandé les jeunes. Le parti al-Islah est la principale composante du Forum Commun, qui regroupe également le Parti socialiste yéménite, parti au pouvoir dans l'ex-Yémen du sud.
Une manifestation réclamant la traduction en justice du président Saleh s'est également déroulée à Taëz, une ville à la pointe de la contestation au sud de Sanaa.
Saleh doit quitter le pouvoir dans un délai de trois mois, en échange de l'immunité pour lui-même et ses proches
Le président contesté, au pouvoir depuis 33 ans, avait signé mercredi soir à Ryad un accord de sortie de crise avec l'opposition parlementaire, en vertu duquel Saleh doit quitter le pouvoir dans un délai de trois mois.
Après la signature par le président Saleh mercredi soir à Ryad de l'accord, des représentants du parti au pouvoir et des partis de l'opposition avaient signé un mécanisme d'application de ce plan, en vertu duquel Saleh doit quitter le pouvoir dans un délai de trois mois.
Aux termes de l'accord, Saleh doit remettre le pouvoir pour une période intérimaire à son vice-président, Abd Rabbo Mansour Hadi, en échange de l'immunité pour lui-même et ses proches. Son fils aîné et ses proches contrôlent les principaux organes de la sécurité au Yémen.
Hadi devra procéder à la formation d'un gouvernement d'union avec l'opposition, qui sera chargé de superviser un dialogue national et d'élaborer une nouvelle Constitution.
Mais Saleh demeurera président à titre honorifique pendant une période de 90 jours, au cours de laquelle il ne pourra pas contester les décisions de son successeur.
A l'issue de ce délai, Hadi sera désigné président pour une période intérimaire de deux ans, au terme de laquelle des élections législatives et présidentielle seront organisées.
La répression de la révolte populaire a fait des centaines de morts depuis janvier.