Le mouvement de contestation qui a entraîné la chute du président tunisien Zein El Abidine Ben Ali, le 14 janvier, a provoqué une onde de choc dans plusieurs pays arabes,mais aussi la politique colonisatrice des puissances occiden
Si le mouvement de contestation qui a entraîné la chute du président tunisien Zein El Abidine Ben Ali, le 14 janvier, a provoqué une onde de choc dans plusieurs pays arabes, la politique colonisatrice des puissances occidentales, dirigée par les Etats-Unis ( occupations de l’Irak, de l’Afghanistan, ingérences au Liban, au Pakistan, au Yémen, au Soudan..) , la politique de corruption et d’oppression pratiquée par les dirigeants arabe sous l’aval de la Communauté internationale, les victoires des mouvements de résistance contre toute forme d’oppression et d’occupation au Moyen-Orient, ont encouragé les jeunes populations arabes à se soulever pour réclamer leur droit à une vie digne !
C’est du moins ce qu’affirment certains observateurs étrangers, dont le journaliste réputé Robert Fisk qui estime dans son dernier article paru dans le quotidien 'The Independant' qu’ « une nouvelle vérité émerge du monde arabe » !
Fisk note qu’ « entre peuples du monde arabe il n’est plus possible de se raconter des mensonges. Les mensonges, c’est terminé. Les discours de leurs dirigeants - qui sont malheureusement les mêmes que ceux des notres - , c’est terminé. Et c’est nous qui leur avons raconté ces mensonges. Il ne sera plus possible de les répéter ».
Et de poursuivre : « En Égypte, nous aimions la démocratie. Nous avons encouragé la démocratie en Égypte – jusqu’à ce que les égyptiens ont décidé de renverser la monarchie. Alors nous les avons mis en prison. Puis nous avons exigé encore plus de démocratie. C’est toujours la même histoire. Tout comme nous voulions la démocratie pour les Palestiniens à condition qu’ils votent pour les bons candidats »…
« Maintenant, au Liban, il apparaît qu’une démocratie Libanaise va s’imposer. Mais nous n’aimons pas ça. Car évidemment, nous voulons que les Libanais votent pour ceux que nous aimons, les partisans sunnites de Rafiq Hariri dont l’assassinat – croyons nous – fut orchestré par les Syriens » ironise Fisk.
Dans ce contexte, Fisk s’interroge : « Que se passe-t-il ? Se pourrait-il que le monde arabe décide de choisir lui-même ses dirigeants ? Se pourrait-il que nous assistions à l’émergence d’un monde arabe qui ne soit plus contrôlé par l’Occident ? Lorsque la Tunisie a annoncé sa libération, Mme Hillary Clinton est restée silencieuse. C’est le Président de l’Iran qui exprimé sa joie de voir un pays se libérer ».
A ce titre, l'ayatollah Sayyed Ahmad Khatami a déclaré lors du sermon de ce Vendredi que « le Moyen-Orient basé sur l'Islam, la religion et la souveraineté populaire se libère et les traits de ce changement commence à se dessiner dans la région."
Il a souligné qu’ « on ne peut ignorer ou banaliser ce qui se passe au Moyen-Orient. La population musulmane en Tunisie s’est soulevée contre la dictature du tyran qui a perduré 23 ans. En Egypte, les cris des gens se sont élevés le jour de la colère , ainsi qu’au Yémen et en Jordanie ».
L'Ayatolah Khatami a souligné que « tous les dictateurs doivent tirer une leçon du sort de Pharaon (ndrl : le Pharaon cité dans le Coran) et savoir qu'ils ne peuvent pas lutter contre Dieu ».
Enfin, Fisk estime que « l’avenir de Hosni Moubarak paraît encore plus compromis. Son fils pourrait être son successeur désigné. Et les Égyptiens n’en veulent pas du fils de Hosni. C’est un homme d’affaires médiocre qui n’est pas convaincant pour sauver l’Égypte de sa propre corruption. Le chef de la sécurité de Hosni, un certain Souleiman, qui est très malade, n’est peut-être pas non plus l’homme qu’il faut » .
Et de se demander : Est-ce la fin des Démocraties à l’occidentale dans le monde arabo-musulman ?
ANNEXE : rappel des derniers troubles dans le monde arabo-musulman
EGYPTE
25 janv: Début de manifestations sans précédent contre le régime du
président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981. Ces mouvements ont été
précédées de cinq cas d'immolations dont un mortel.
Au moins mille personnes sont arrêtées les deux premiers jours. Sept
personnes sont tuées - cinq manifestants, deux policiers- et des dizaines
blessées à travers le pays.
28: des dizaines de milliers de manifestants réclament la chute du
président égyptien. Un sixième manifestant est tué dans la ville de Suez (est
du Caire). L'armée est mobilisée et la télévision d'Etat annonce un couvre-feu
au Caire, à Alexandrie et à Suez.
YEMEN
18 janv: les forces anti-émeutes dispersent à Sanaa une manifestation d'un
millier d'étudiants qui appellent à un changement démocratique.
27: des milliers de personnes manifestent à Sanaa à l'appel de
l'opposition, réclamant le départ du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir
depuis 32 ans. Le Congrès populaire général (CPG, parti au pouvoir) organise
des contre-manifestations qui rassemblent des milliers de personnes dans la
capitale.
Le gouvernement annonce une augmentation des salaires.
Au moins trois tentatives d'immolation par le feu et un décès en quelques
jours.
JORDANIE
14 janv: Des milliers de personnes manifestent à travers le pays contre
l'inflation et la politique économique.
16: Près de 3.000 personnes participent à un sit-in à Amman appelant à la
propagation de "la révolution tunisienne".
21: Plusieurs milliers de personnes manifestent à Amman malgré l'annonce de
nouvelles mesures sociales.
28: Au moins 3.000 personnes manifestent à Amman à l'appel des Frères
musulmans, réclamant un changement de gouvernement et des réformes. Des
rassemblements ont lieu également à Irbid (nord), Karak, Ma'an et Diban (sud).
ALGERIE
5 janv: Cinq jours d'émeutes contre la vie chère font cinq morts et plus de
800 blessés. Le mouvement s'arrête après l'annonce d'une baisse des prix des
produits de première nécessité.
22: La police empêche une manifestation "pour la démocratie" à Alger. Une
vingtaine de blessés.
Deux décès par immolation et sept tentatives depuis le 14 janvier.
OMAN
17 janv: Près de 200 manifestants à Mascate protestent contre la cherté de
la vie, un défilé modeste mais très rare dans cette monarchie arabe du Golfe.
MAURITANIE
17 janv: un homme d'affaire, mécontent du régime, s'immole à Nouakchott.
27: Le président de l'Assemblée nationale mauritanienne appelle au dialogue
pour faire face à la crise sociale provoquée par la hausse des prix et le
chômage.
MAROC
Trois personnes tentent de s'immoler le 21 janvier, une autre le 25.
Le Maroc lance des appels d'offre pour l'achat d'importantes quantités de
céréales, afin d'éviter des pénuries pesant sur le climat social.