25-11-2024 09:38 PM Jerusalem Timing

Egypte: l’armée, dans la ligne de mire..les Frères musulmans aussi

Egypte: l’armée, dans la ligne de mire..les Frères musulmans aussi

La presse égyptienne vilipende le conseil militaire et l’accuse de fermer les yeux sur les pétrodollars saoudiens et qataris que recoivent les Frères musulmans pour leur campagne électorale..mais encore..

 
La révolution égyptienne : un soulèvement populaire et une révolution !? Une question qui s'impose à la lumière de ce qui se passe actuellement en Egypte!

En effet, si la révolte des Jeunes du 25 Janvier a été motivée par un ras le bol populaire de la situation économique et sociale du pays,  provoquant la chute du régime de Moubarak, aujourd’hui nous assistons à une véritable révolution.. contre l’armée : cette armée qui a pris en charge la transition démocratique en Egypte est accusée de perpétuer dans les faits le régime du président déchu et de renier ses promesses de changement.

Une première dans histoire contemporaine  de l’Egypte, car l’armée a toujours été au cœur du pouvoir, notamment depuis le coup d'Etat des Officiers libres qui mit fin au règne du roi Farouk 1er, le 26 juillet 1952. Elle en est le cœur et la colonne vertébrale, constituant un Etat dans l'Etat, incarnant l'Etat lui-même, l'Etat d'une armée-nation.

Le rôle prépondérant de l’armée égyptienne, son poids et son influence sont  considérables et  remontent au début du XIXe siècle, c'est-à-dire à la création de l'Etat moderne égyptien, lorsque le pacha Mohamed Ali lança le processus d'autonomisation de son pays par rapport à l'empire ottoman.

L'armée est ainsi l'élite et l'épine dorsale de la nation, pesant d'un poids politique, économique, social et culturel à nul autre pareil dans les régimes autoritaires ou dictatoriaux. Pour le résumer, on peut dire que le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, ministre de la Défense depuis 1991 et président du Conseil suprême des forces armées, l'autorité politique intérimaire, représente 25% du PIB !

C’est là justement  où réside l’importance de ce qui se passe aujourd’hui en Egypte ! Car pour la première fois, la presse égyptienne est unanime : il faut sauver la révolution du 25 Janvier, quitte à violer la sacro-sainteté de l’armée !

Le grand écrivain égyptien, Alaa al-Aswani vilipende l’armée et derrière elle.. les Frères musulmans, accusant ces derniers de recevoir de l’argent de certains pays du Golfe pour assurer leur victoire électorale.

Une thèse qui se confirme de plus en plus chaque jour au fil des événements qui on lieu dans les pays arabes :  où le rôle des pétrodollars saoudiens ou qataris en Tunisie, en Syrie ou en Libye, pour soutenir les salafistes ne fait plus aucun doute !

Dans son article publié dans le quotidien égyptien, al-Yawm al-Masri, l’écrivain al-Awasni  accuse le conseil militaire de fermer les yeux sur les millions de livres égyptiennes dépensées par les Frères musulmans et les salafistes tous les jours pour leur  campagne électorale, ce qui explique sans doute « l’étrange rapprochement qui s’est installé entre  les Frères et le conseil militaire ».

Paradoxalement, « le  Conseil militaire surveille les sources de financement des coalitions des jeunes de la révolution et celles des organisations civiles, voire adresse des accusations vides aux jeunes du Mouvement du 6 Avril et refuse de s'excuser plus tard » poursuit l’écrivain.

Et de s’interroger : «  Est-ce que le conseil militaire offre l'occasion aux responsables au sein du ministère de l'Intérieur de se venger de la révolution des Jeunes? Peut-on accepter dans n'importe quel pays dans le monde que des citoyens soient tués d’une balle entre leurs yeux, tout simplement parce qu'ils expriment leur opinion de manière pacifique? Ce sont des crimes contre l'humanité punissables en vertu du droit international (..), et ces meurtres commis par les forces de sécurité sur ordre de la junte militaire, révèlent toute la vérité, et notre devoir est maintenant de voir les choses telles qu'elles sont : à savoir  que  l'armée était et est toujours une partie essentielle du régime de Moubarak. Nous n'avons pas entendu le maréchal Tantaoui et ses hommes s'opposaient à la tyrannie de Moubarak et ses crimes, certes l’armée n'a pas participé à la révolution, mais elle a laissé les voyous armés tuer les manifestants sans intervenir pour les protéger. Il est vrai que la junte militaire a refusé de tirer sur les manifestants, mais  le maréchal Tantaoui a nié avoir reçu l'ordre de Moubarak de tirer sur les manifestants ».

Mais encore..

Si la presse égyptienne se pose des questions sur le rôle de l’armée, des questions sont posées tout autant sur le rôle suspicieux des Frères musulmans qui, joue un rôle plutôt inédit d'apaisement, se démarquant des manifestants et allant jusqu’à ménager l'armée avant les législatives. Un rendez-vous électoral dont ils comptent bien sortir vainqueurs et qu'ils ne voudraient pas voir reporter après avoir espéré des années parvenir au pouvoir.

"Les 'Ikhwane' (Frères) ne veulent aucun obstacle aux élections car ils tentent de parvenir au pouvoir à travers ce scrutin", affirme à l'AFP Moustapha Kamel el-Sayyed, professeur de sciences politiques à l'Université du Caire. "Ils sont opposés au départ immédiat de l'armée car cela plongerait l'Egypte dans la tourmente et reporterait de fait les élections", ajoute-t-il. Après le soulèvement de février, plusieurs dirigeants des Frères s'étaient voulus rassurants en affirmant qu'ils ne comptaient pas prendre le pouvoir, mais il semble clair qu'ils n'ont pas l'intention de se faire "voler" l'échéance des législatives qu'ils voient comme la plus importante depuis leur création en 1928. "Leur objectif est clair, ce sont les élections. C'est capital pour eux", abonde Dia Rashwan, expert au Centre d'études politiques et stratégiques Al Ahram.

Mais sur le terrain, les Jeunes de la révolte du 25 Janvier refusent de se voir confisquer leur  révolution !

La volonté des manifestants de Tahrir ne faiblit pas. La démission du gouvernement de Essam Charaf, entérinée par le pouvoir militaire, n'a apaisé en rien la colère des protestataires du mythique maydane al Tahrir. Ces derniers ont même faussé les calculs des Etats-Unis qui misaient sur un pouvoir militaire conciliant pour maintenir un rapport de force favorable à Israël dans la région.
Des dizaines de milliers d'Egyptiens se sont donc rassemblés vendredi place Tahrir au Caire pour réclamer à nouveau le départ du pouvoir militaire, avec le soutien de la prestigieuse institution musulmane d'Azhar et de l'opposant Mohamed ElBaradei, candidat déclaré à la présidence.

Les manifestants scandaient "Maréchal, réveille toi, c'est ton dernier jour!", faisant allusion au maréchal Hussein Tantaoui, chef d'Etat de fait du pays.

Outre le retour à une gouvernance civile, ils ont également placé ce vendredi sous le slogan "le droit des martyrs", pour exiger la poursuite des responsables de la mort de 41 personnes décédées, dont 36 au Caire.

Mohamed ElBaradei, ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et prix Nobel de la paix en 2005, s'est joint à la foule sur Tahrir, un drapeau égyptien sur les épaules, pour participer à la traditionnelle prière musulmane du vendredi.

Le grand imam de l'institution théologique renommée d'Al-Azhar, cheikh Ahmed el-Tayyeb, a fait savoir par un représentant aux manifestants de Tahrir qu'il "soutient et prie pour votre victoire". C'est la première depuis de nombreuses années que l'imam d'Al-Azhar, désigné par le président de la République, adopte des positions opposées au pouvoir.

Cette manifestation dite "de la dernière chance" survient à trois jours du début des premières législatives de l'après-Moubarak que l'armée a maintenu à la date prévue malgré la crise actuelle alors que la Maison Blanche a plaidé pour un "transfert complet de pouvoir à un gouvernement civil" et un retour "dès que possible" à une gouvernance civile en Egypte.

Sur le plan politique, l'armée a nommé au poste de Premier ministre Kamal el-Ganzouri (78 ans), un ancien chef de gouvernement (1996-99), selon la télévision d'Etat. M. Ganzouri remplace Essam Charaf, qui a démissionné avec le reste du gouvernement en raison de la crise actuelle.

Après une semaine d'occupation de la place Tahrir, le quotidien gouvernemental Al-Ahram titrait en une "Le vendredi de la dernière chance... la stabilité ou le chaos". Un autre quotidien gouvernemental, Al-Akhbar, affirmait qu'il s'agissait du "vendredi du tournant".

Par ailleurs, Reporters sans frontières a une nouvelle fois déconseillé aux médias internationaux d'envoyer en Egypte des femmes journalistes, après une série d'agressions sexuelles.

Une journaliste de la chaîne France 3 a déclaré avoir été violemment frappée et victime d'une agression sexuelle de la part d'hommes en civil jeudi au Caire, après qu'une journaliste égypto-américaine a fait état de violences sexuelles de la part de policiers.

D'autre part, le gazoduc égyptien livrant du gaz à Israël et à la Jordanie a été frappé par une nouvelle explosion d'origine criminelle, la huitième cette année, des actes non-revendiqués.