Malgré les centaines de mort, les Libyens "ne vont pas s’arrêter". Obama s’exprime pour la 1ère fois.
Plus de 2000 personnes auraient trouvé la mort dans la répression des émeutes à Benghazi, selon Gérard Buffet, un médecin français tout juste rentré de cette ville de l’est de la Libye.
« Benghazi a été attaqué le jeudi. Nos ambulances sur le terrain ont compté, le premier jour, 75 morts ; le deuxième, 200 ; ensuite plus de 500 (…) Au total, je pense qu’il y a plus de 2.000 morts », a expliqué ce médecin.
Selon la Fédération internationale des ligues de droits de l’homme (FIDH) les violences en Libye ont au moins fait 640 morts, dont 275 à Tripoli et 230 à Benghazi. Soit plus du double du bilan officiel de 300 morts.
LES LIBYENS NE VONT PAS S'ARRETER
De son côté, l'ancien chef du protocole de Mouammar Kadhafi, Nouri El-Mismari, a estimé mercredi que la répression de la révolution libyenne avait fait plus de mille morts, dont 600 à Tripoli.
"C'est très très grave. Les Libyens ne vont pas s'arrêter. Mouammar Kadhafi est à la fin. Il a tout perdu. Son discours hier (mardi, ndlr), c'est un discours de quelqu'un de perdant. Il est seul", a déclaré M. El-Mismari.
"Mouammar Kadhafi n'a même pas 5 % du pays avec lui. A côté de lui, c'est son clan. Les membres du clan ne se battent pas pour lui, mais pour eux-mêmes", a-t-il poursuivi.
"Il va tomber. Ce serait une chance pour lui qu'il soit tué, sinon les gens voudront le juger comme Saddam Hussein", a encore ajouté l'ancien chef du protocole, qui dit avoir deux filles, un fils et huit petits-enfants en Libye.
KADHAFI A PERDU L'EST DU PAYS
Entre-temps, au dixième jour de la révolte contre le régime de Kadhafi, de plus en plus isolé, les rues de la capitale Tripoli étaient sur le qui-vive après une nuit troublée par des tirs nourris, notamment dans la banlieue est.
Les brigades de Kadhafi ont attaqué, ce jeudi, les manifestants dans la ville de Zawiya. Plusieurs d’entre eux ont été tués et blessés
Des manifestants anti-Kadhafi ont en outre pris le contrôle de la ville de Zouara, à l’ouest de Tripoli.
Dans la région orientale riche en pétrole tombée aux mains des opposants, les murs criblés de balles dans la ville d'Al-Baïda sont autant de stigmates de la violence des combats entre opposants et "mercenaires" à la solde du dirigeant libyen. Une dizaine de généraux et de colonels faisaient défection et juraient fidélité au peuple libyen et à la révolution, acclamés par la foule à Al-Baïda.
Les opposants contrôlent la région orientale, de la frontière égyptienne jusqu'à la localité d'Ajdabiya plus à l'ouest, en passant par Tobrouk, Derna et Benghazi, épicentre de la contestation à 1.000 km à l'est de Tripoli, selon des journalistes et des habitants.
Cependant à Musratha, la troisième ville de Libye, située à 200 km à l'est de Tripoli, est retombé dans les mains des manifestants. Mercredi, des forces de sécurité loyales au régime avaient attaqué des manifestants, faisant des morts. "Ils ont été attaqués avec des mitrailleuses et des roquettes RPG", selon un des témoins.
EVACUATION MASSIVE
A l'aéroport, la situation était "chaotique", des passagers se battant pour monter dans les avions, selon le commandant d'un avion maltais, Philip Apap Bologna, de retour de la capitale libyenne.
Le Croissant-Rouge tunisien a mis en garde contre un "risque catastrophique" d'exode massif.
L'ONU a affirmé que des milliers de Libyens se dirigeaient vers les frontières avec l'Egypte et la Tunisie pour tenter de fuir les violences.
OBAMA S'EXPRIME POUR LA 1ERE FOIS
Cependant, pour la première fois depuis le début, le 15 février, de cette révolte sans précédent, le président américain, Barack Obama, s'est publiquement exprimé. Il
n’a pas appelé Kadhafi à céder au pouvoir, mais il a jugé "scandaleux" le bain de sang en cours en Libye, et affirmé que les auteurs des exactions devraient être "tenus pour responsables" de leurs actes.
Les pays de l'UE ont, pour leur part, chargé leurs experts d'examiner des gels d'avoirs, des interdictions de visa et d'éventuelles poursuites contre des dirigeants libyens.
L'Union africaine a finalement réagi, condamnant l'"usage disproportionné de la force contre les civils" et appelant au dialogue.
Quant au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, il a fait part de sa "très profonde inquiétude" et demandé une action internationale.
En attendant cette action internationale, le peuple libyen sera obligé de résister aux crimes de l’humanité commis par Kadhafi et ses fils.