Au-delà du respect du nouveau plafond dépendra avant tout des sacrifices concédés par l’Arabie saoudite...
En fixant un plafond de production totale proche du niveau actuel, l'Opep entend soutenir les prix élevés du baril dans un contexte économique incertain, mais en l'absence de nouveaux quotas pour chaque Etat, le cartel s'en remet à l'auto-discipline de ses membres.
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) s'est engagée mercredi à Vienne à maintenir la production conjuguée de ses douze membres à son niveau actuel de 30 millions de barils par jour (mbj).
De fait, les onze pays du cartel soumis à des quotas (l'Irak en est exclu) ontpompé en novembre près de 28 mbj, alors que ces quotas --inchangés depuis trois ans--étaient fixés à 24,84 mbj...
"Les ministres de l'Opep ont simplement ratifié leur sur-production des dernières années, et justifié a posteriori leur non-respect des quotas", a indiqué à John Hall, un analyste indépendant.
"Les Etats veulent préserver le niveau des prix du baril au-dessus de 100 dollars,en établissant un objectif de production correspondant à ce qu'ils pompent actuellement" pour ne pas donner l'impression d'inonder le marché d'or noir en-dehors de toute limite, a-t-il estimé.
La question est d'autant plus cruciale que l'Opep, comme l'Agence internationale de l'Energie (AIE), ont révisé en forte baisse mardi leurs prévisions de demande énergétique mondiale pour 2012, sur fond de net ralentissement de la croissance économique.
Cependant, pour que le plafond visé soit respecté, "certains pays vont devoir réduire leur production pour laisser de la place au retour du pétrole libyen", a insisté mercredi le secrétaire général de l'Opep Abdallah El-Badri.
La production de la Libye, interrompue pendant le conflit, a redémarré de façon fulgurante depuis septembre : elle a déjà atteint 1 mbj, et devrait augmenter de 600.000 barils quotidiens supplémentaires d'ici à juin, a annoncé M. El-Badri.
Ce qui suppose que d'autres pays réduisent parallèlement leur offre d'autant.
Ayant fortement gonflé sa production depuis mai pour compenser la pénurie de brut libyen, l'Arabie saoudite, premier producteur du cartel, "serait ainsi censée réduire son offre de 1 mbj (autrement dit de 10%) en janvier, ce qui paraît douteux", a réagi Torbjorn Kjus, analyste de DNB Bank.
Or l'Opep n'a pas déterminé de nouveaux quotas pour chacun des Etats membres, et s'en remet à leur bonne volonté.
"Il faudra évidemment réviser ces quotas, mais ce n'est pas le bon moment, nous ne le ferons pas avant que la production libyenne revienne à son niveau d'avant-guerre", s'est justifié le secrétaire général de l'Opep.
L'Opep n'a développé son système de quotas qu'à partir des années 1980, une bonne vingtaine d'années après sa création.
Mais au-delà, le respect du nouveau plafond dépendra avant tout des sacrifices concédés par l'Arabie saoudite, qui voit ainsi se renforcer in fine son rôle de faiseur d'équilibre sur le marché mondial.