30-04-2025 09:28 AM Jerusalem Timing

Génocide arménien: Erdogan appelle la France à renoncer à une loi, et menace!

Génocide arménien: Erdogan appelle la France à renoncer à une loi, et menace!

Des sanctions turques seront pratiquées contre la France, si cette loi passe à l’Assemblée nationale.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a menacé vendredi la France de "graves" conséquences si elle adopte un projet de loi pénalisant la négation du génocide arménien, que la Turquie a toujours nié, demandant personnellement à Nicolas Sarkozy de barrer la route à ce texte.
 

"Si ces démarches arrivent à terme, les conséquences sur les relations politiques, économiques, culturelles et dans tous les domaines avec la France, seront graves", a prévenu M. Erdogan dans une lettre envoyée au chef de l'Etat français, a rapporté l'agence de presse officielle Anatolie.
  

M. Erdogan, dont le pays n'a jamais reconnu le génocide arménien (1915-1917), évoque l'impact "irréparable" sur les relations franco-turques qu'aurait le vote de ce texte par le Parlement français.
"J'espère sincèrement que vous tiendrez votre promesse de faire échouer des initiatives de ce genre et empêcherez ainsi des démarches qui auraient des conséquences irréparables" sur les liens bilatéraux, a dit M. Erdogan.
  

Il a en outre appelé la France à faire preuve de "bon sens" et à empêcher que les rapports franco-turcs deviennent "l'otage des revendications de parties tiers", faisant référence à l'Arménie.
 "Ce projet de loi vise directement la république de Turquie, la nation turque et la communauté turque de France, et nous le considérons comme hostile", a ajouté M. Erdogan.
  

Le texte, qui prévoit une peine d'un an de prison et une amende de 45.000 euros en cas de contestation du génocide arménien, doit être examiné le 22 décembre par l'Assemblée nationale française.
  

L'ambassade de Turquie à Paris a déjà averti qu'un vote favorable jeudi prochain entraînerait le rappel pour consultations de l'ambassadeur en France, Tahsin Burcuoglu, et le gel de toute coopération avec Paris.

Ce nouveau coup de fièvre entre Paris et Ankara survient alors que les relations bilatérales, traditionnellement difficiles du fait du refus de la France de voir la Turquie, pays musulman d'environ 75 millions d'habitants, rejoindre l'Union européenne, s'étaient améliorées dernièrement avec une coopération accrue, en particulier sur la Syrie et la lutte contre les rebelles kurdes.
  

La Turquie reconnaît que jusqu'à 500.000 Arméniens ont péri en Anatolie au cours de la Première guerre mondiale, mais, selon elle, ils n'ont pas été victimes d'une campagne d'extermination préméditée mais du chaos des dernières années de l'Empire ottoman, et ont pâti de leur alliance avec l'ennemi russe.
  

Pour les Arméniens et une vingtaine d'autres pays, il s'agit d'un génocide, qui a fait 1,5 million de morts.
  

La diaspora arménienne en France, forte de 500.000 personnes, est un enjeu électoral avant le scrutin présidentiel de 2012, ce que n'a pas manqué de faire remarquer Ankara.
  

Deux délégations turques, une parlementaire et une autre d'hommes d'affaires et d'industriels, se rendront en début de semaine à Paris pour tenter de convaincre les décideurs et élus français de faire marche arrière sur ce projet.
  

Les observateurs turcs s'attendent à ce que, si les députés français votent le texte, le gouvernement turc impose des sanctions contre la France, en écartant ses entreprises -elles sont plusieurs centaines en Turquie- de projets lucratifs dans la construction, les transports ou l'armement.
  

Le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu, qui a accusé la France de "mentalité moyenâgeuse" dans cette affaire prise très au sérieux par Ankara, a convoqué jeudi les représentants des entreprises françaises opérant en Turquie, et leur a demandé d'intervenir auprès de leurs directions pour qu'elles fassent pression sur le gouvernement français.