Les moyens utilisés par les Khalifa contre les Bahreïnis s’apparentent étrangement à ceux utilisés par les Israéliens contre les Palestiniens
Les forces de sécurité bahreïnies escortées par les forces saoudiennes ont réprimé violemment une manifestation qui a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche, provoquant la mort d’un manifestant.le deuxième en moins de 24 heures.
Selon le site en ligne de la chaine iranienne arabophone AlAlam, des dizaines de milliers de bahreïnis participaient samedi aux obsèques du jeune Ali Al-Kassab (21 ans) tué jeudi dernier, lorsque les forces de l’ordre l’ont percuté avec leur véhicule et écrasé. Selon des témoins, les forces de l’ordre bahreïnies avaient empli l’endroit avec des gaz lacrymogènes qui ont formé une épaisse fumée qui empêche la vue.
Elles ont fait de même ce dimanche, pour réprimer les obsèques ce qui a provoqué la mort par asphyxie de Abed Ali AlMawali.
Ce dimanche encore, rapporte l'AFP, les forces de sécurité bahreïnies ont dispersé à coups de grenades lacrymogènes quelques centaines de manifestants chiites qui s'étaient regroupés près de Manama pour le quatrième jour consécutif.
Les manifestants, dont des jeunes gens brandissant le drapeau bahreïni rouge et blanc et des femmes drapées dans leur abaya noire, s'étaient rassemblés sur un rond-point sur l'autoroute de Boudaiya, scandant des slogans hostiles au pouvoir.
Selon l’AFP, des jeunes opposants ont récemment appelé à une série d'actes de protestations sur l'autoroute de Boudaiya, reliant des villages à la Place de la Perle à Manama, épicentre du mouvement de contestation qui a secoué le royaume en février et mars.
Jeudi dernier, une militante des droits de l'Homme, la blogueuse Zainab al-Khawaja, a été arrêtée et frappée pour avoir refusé de mettre fin à un sit-in sur ce même rond-point.
Le Bahreïn est secoué depuis la mi-février d’un mouvement de contestation mené par la population autochtone contre la dynastie des Khalifa au pouvoir depuis plus de deux siècles et qui jouit du soutien américain et occidental en plus de celui des royaumes et émirats du Golfe. L'oncle du roi Hamad, le prince Khalifa ben Salman Al-Khalifa, est Premier ministre depuis 40 ans.
Le 23 novembre dernier, la Commission d'enquête désignée par les autorités, et pour semble-t-il donner l’impression de rendre justice aux victimes (à la manière israélienne après les massacres contre les Libanais et les Palestiniens) s’était contentée de dénoncer un "usage excessif et injustifié de la force" de la part des autorités durant la répression, ce à quoi le roi Hamad a riposté, en se contentant de démettre de ses fonctions le chef de la sécurité.
La commission s’est contentée aussi de signaler que 35 personnes -30 civils et 5 policiers- avaient péri. Omettant de compter les bahreïnis tués indirectement : c’est-à-dire soit sous la torture, soit asphyxié par les gaz lacrymogènes, soit percuté par les véhicules des forces de l’ordre qui arguent ne pas les avoir vus.
Selon l’AFP, les chiites, majoritaires parmi la population autochtone du royaume dirigé par la dynastie sunnite des Al Khalifa, se plaignent de discrimination. Ils accusent le pouvoir de vouloir changer la composition démographique de leur pays pour qu’ils deviennent minoritaires
"Je suis un citoyen bahreïni. Il est de mon droit de travailler dans la fonction publique ou l'armée, je protègerais mon pays mieux que des étrangers", a affirmé Mohamed Mulla Ahmed Ali, 19 ans, en allusion au recrutement d'étrangers dans les forces armées du pays.
"Nous voulons sentir que nous sommes de vrais citoyens", a ajouté cet étudiant, affirmant avoir été renvoyé de l'université, à l'instar de nombreux jeunes qui ont perdu leur emploi ou ont été renvoyé de leurs établissements universitaires pour avoir participé aux manifestations.
"Nous ne voulons pas de ce gouvernement. Ils nous ont licenciés (...) il n'y a pas de liberté d'expression", a déclaré Hawraa al-Halawati, une architecte de 28 ans qui a perdu son emploi dans la fonction publique.