Sept Irakiens sont tombés en martyr lors de heurts avec la police au nord du pays, alors que des milliers affluaient à la place Tahrir à Bagdad pour exiger des réformes.
Des milliers de protestataires se sont rassemblés dans les importantes villes de l’Irak, surtout à Bagdad, pour une "Journée de la colère" contre l'impéritie du gouvernement, alors que huit manifestants au moins sont tombés en martyr et plusieurs autres ont été blessés lors de heurts avec la police à Mossoul, au nord du pays.
Les Irakiens ont été forcés de marcher jusqu'à la place Tahrir, dans le centre de Bagdad, le commandement militaire de Bagdad ayant interdit toute circulation automobile jusqu'à nouvel ordre.
Au milieu d'un important déploiement militaire et policier, quelque 5.000 manifestants étaient rassemblées sur la place, alors que d'autres protestataires affluaient. Des restrictions ont également été imposées sur les manifestations à travers le pays.
Alors que les protestations étaient pacifiques dans la capitale, des affrontements ont éclaté entre forces de sécurité et manifestants lors de rassemblements à Hawija, au nord de Bagdad où deux Irakiens sont tombés en martyr et plus de 30 personnes ont été blessées, alors qu'à Mossoul (nord) dans cinq manifestants ont été tués et des dizaines d'autres blessés, selon la police. A Ninawa, le commandant des opérations militiaires a annoncé sa démission et s'est rallié aux manifestants.
A AlAnbar, à l'ouest du pays, un Irakien a trouvé la mort et des dizaines d'autres blessés au cours des affrontements avec les forces sécuritaires.
Les mouvements de protestation se sont poursuivis également au nord, plus précisément dans le Kurdistan irakien, réclamant des changements radicaux dans le système politique et des réformes dans la province.
S'inspirant des révoltes en Tunisie et en Egypte, un mouvement dénommé "la Révolution de la colère irakienne" a appelé via Facebook à manifester pour exiger "le changement, la liberté et une démocratie véritable", en demandant aux forces de sécurité de "protéger" les manifestants.
Il a appelé "les millions de chômeurs, les intellectuels, les travailleurs, les diplômés des universités, les veuves et les orphelins" à se rassembler sur la place Tahrir.
Cependant la majorité des organisateurs des manifestations insistent sur leurs seules revendications de "réformes" et d'amélioration du quotidien des citoyens. "Il ne s'agit pas de faire tomber le gouvernement ou le régime, ni de prendre des hommes politiques pour cible", soulignent-ils dans un communiqué.
"Nous ne voulons pas changer le gouvernement, car nous l'avons élu, mais nous voulons qu'il se mette au travail", a déclaré Darghan Adnane, un étudiant de 24 ans manifestant place Tahrir.
"Les gens viennent à pied jusqu'à la place", a affirmé à l'AFP l'une des organisatrices, Chourouq al-Abayachi. "L'annonce tardive de l'interdiction de la circulation automobile vise bien sûr à tenter d'empêcher les gens de venir".
Jeudi le Premier ministre Nouri al-Maliki a accusé les organisateurs de la manifestation d'être des partisans de l'ancien dictateur Saddam Hussein, des "terroristes", appelant "dans un souci de contrecarrer les plans des ennemis" à ne pas participer spécifiquement à cette manifestation.
"Aucun de nous n'appartient à Al-Qaïda ni aux partisans de Saddam, nous sommes des citoyens irakiens ordinaires qui protestons contre l'absence de services publics, la corruption et nous voulons la réforme du système", a rétorqué Abayachi.
Dans le Sud, quelque 3.000 personnes ont manifesté à Bassora après l'annonce de la démission du gouverneur de la province, alors que dans les villes de Nassiriya (sud), Kout et Kerbala (centre), des centaines de personnes ont crié "Menteur, Menteur Maliki".
Les forces irakiennes ont lancé des bombes lacrymogènes et ouvert le feu pour diperser les manifestants. 3 manifestants ont alors été blessés par les balles réelles.
Pour tenter de calmer la grogne, le gouvernement a récemment multiplié les gestes, augmentant notamment d'un milliard de dollars le montant alloué aux rations alimentaires distribuées à six millions de familles.
Près de sept millions d'Irakiens (23% de la population), vivent sous le seuil de pauvreté avec 2,2 dollars par personne et par jour et 30% des jeunes sont au chômage.