Au 11e jour de la révolution contre le pouvoir chancelant du colonel Kadhafi et après la mort des centaines de libyens, l’Occident s’est soudainement réveillé.
L'étau se resserrait vendredi autour du leader libyen Mouammar Kadhafi, pris entre l'opposition qui affirme avoir libéré l'est et des combats violents à l'ouest, alors que la communauté internationale profitait de la situation pour s’y ingérer.
Au 11e jour de la révolution contre le pouvoir chancelant du colonel Kadhafi et après la mort des centaines de libyens, l’Occident s’est soudainement réveillé.
Les initiatives se sont multipliées: réunions de l'ONU et de l'Otan, proposition franco-britannique de sanctions et d'embargo total.
Sur le terrain, le théâtre de la contestation s'étend de l'ouest de Tripoli à Benghazi, dans des villes côtières ou proches des côtes, l'immense majorité du pays, à 93% désertique, étant épargné par les combats.
Alors que dans l'est, l'opposition armée s'organise pour une éventuelle marche vers Tripoli afin de chasser le colonel libyen du pouvoir, la nuit a été calme dans la capitale libyenne. Le matin, les rues étaient désertes et les magasins fermés.
Signe que le pouvoir cherche à endiguer la vague de contestation, la télévision libyenne a annoncé une aide de 400 dollars aux familles libyennes, ainsi que l'augmentation de 150% des salaires de certains fonctionnaires.
Des journalistes à Benghazi, épicentre de la contestation à 1.000 km à l'est de Tripoli, des milliers de manifestants ont fêté la libération de leur ville.
Des marionnettes à l'effigie de Kadhafi ont été pendues aux lampadaires des rues où patrouillent des soldats et des civils en armes.
Dans une ville plus proche de la capitale, à Musratah (150 km à l'est), des informations non confirmées ont fait état de combats entre opposants et partisans du régime.
A l'ouest de Tripoli, dans la ville de Zawiyah (60 km), 23 personnes ont été tuées et plus de 44 blessées dans l'assaut des forces de sécurité contre la ville.
C'est aux habitants de cette ville que s'est adressé jeudi le "Guide" de la révolution libyenne, plus ancien dirigeant du monde arabe au pouvoir depuis plus de 40 ans.
Il a accusé dans un message audio diffusé par la télévision, Al-Qaïda d'orchestrer l'insurrection en donnant selon lui des "pilules hallucinogènes"
aux opposants.
Les partisans du "Guide" sont concentrés à Tripoli, où la milice Khamis (fils de Kadhafi) disposerait notamment de 9.000 combattants, de chars et d'avions, selon des
informations non confirmées d'habitants anti-Kadhafi dans la ville d'Al-Baïda (est).
A l'étranger, la haut commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Navi Pillay, s'est inquiétée de "la situation brutale et choquante d'aujourd'hui" soulignant
qu'elle "est le résultat direct du mépris total pour les droits et la liberté des Libyens qui a marqué près de quatre décennies de pouvoir du régime actuel".
Au niveau économique, la Libye détenant les plus importantes réserves de pétrole en Afrique, l'or noir a poursuivi jeudi son envolée sur les marchés, atteignant des prix record depuis plus de deux ans, à près de 97 dollars en Asie.
La Maison Blanche a estimé que les Etats-Unis et le monde pouvaient faire face à une rupture d'approvisionnement en pétrole liée à la crise en Libye.