La France semble compter sur l’Organisation mondiale du commerce pour stopper la frénésie des sanctions économiques turques contre elle.
Des représailles turques contre les sociétés françaises après l'adoption par les députés français d'une loi pénalisant la négation du génocide arménien seraient "illégales" car contraires aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), a prévenu mercredi Paris.
"Je ne souhaite pas que les Turcs s'embarquent dans une affaire de ce genre parce que ce serait proprement illégal", a déclaré le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Pierre Lellouche, à la télévision publique France 2. Il a ajouté qu'il ne pensait pas que les Turcs appliqueraient des mesures de rétorsion aux entreprises françaises.
"Ils sont membres de l'Organisation mondiale du commerce, ils ont un accord de libre-échange avec l'Union européenne et il est hors de question pour qui que ce soit de discriminer les sociétés françaises", a-t-il poursuivi. "Je compte sur la sagesse des dirigeants turcs".
"Il y a ce point d'histoire qui n'est pas négligeable", a relevé M. Lellouche, faisant référence au génocide arménien de 1915-17. "Quand on est sur le continent européen, il est bon de regarder l'histoire en face, sans donner de leçons à qui que ce soit, sans aller vers l'escalade".
Selon lui, "l'apaisement en Europe passe par un peu de calme, un peu de retenue". "Ce qui me paraît essentiel dans cette affaire, c'est la désescalade. (...) Il y a eu des propos très durs de la part de nos partenaires turcs", a-t-il estimé.
"Il faut donc trouver les voies d'une sortie de crise. Nous avons des intérêts stratégiques majeurs communs entre la France et la Turquie, beaucoup d'intérêts économiques aussi qui ne sont quand même pas négligeables", a-t-il souligné.
La Turquie est un partenaire commercial majeur de la France, avec des échanges estimés à près de 12 milliards d'euros en 2010.
Les Turcs avaient réagi avec fureur au vote, le 22 décembre, par l'Assemblée nationale française d'une proposition de loi pénalisant la négation des génocides, dont le génocide arménien. La coopération militaire avec Paris avait été immédiatement gelée, et l'ambassadeur de Turquie en France rappelé à Ankara.