Un pays de plus s’ajoute à la liste des soulèvements populaires arabes. Cependant, ce début de révolution Bahreïnie passe presque inaperçu alors qu’il est sujet à une des plus violentes répressions.
Dès les premiers jours, la répression contre les manifestations et les rassemblements a été violente et sanglante mais bizarrement, très peu sont ceux qui couvrent les événements sur les chaines télévisées, comme ce fut le cas pour les deux révolutions tunisiennes et égyptiennes.
Durant les cinq premiers jours, le soulèvement a fait plus de huit morts, des centaines de blessés, mais toujours ces événements ne sont pas dignes de faire la une des journaux ou des chaines internationales comme Al-Jazeera ou Al-Arabiya !
La performance plus ou moins médiocre et vide de toute objectivité de la chaine Al-Arabiya et d’autres chaines arabes et occidentales n’a pas étonné mais aujourd’hui c’est le silence de la chaine qatari, Al-jazeera qui étonne.
La chaine, jouant un rôle exceptionnel dans les révolutions tunisiennes et égyptiennes, mentionne aujourd’hui à peine les événements Bahreïni.
Certains évoquent le fait que la chaine n’a pas de locaux dans le pays suite à de nombreux différends, son bureau a été fermé à Manama pour non-respect des « normes professionnelles ».
D’autres estiment que la décision de ne pas couvrir les événements de la même façon que les deux révolutions précédentes est une décision venant de haut et qui vise à ne pas détériorer les relations Bahreïni-qatari.
En effet, les deux voisins entretiennent de bonnes relations et toute instabilité et contestations populaires au Bahreïn pourraient avoir également des conséquences sur le Qatar.
Ainsi le caractère révolutionnaire et solidaire d’AlJazira et d’autres chaines satellitaires n’aura pas duré longtemps. Aujourd’hui c’est AlManar et BBC qui reprennent le relais.
Les pays occidentaux et certaines capitales arabes s’inquiètent de la situation au Bahreïn. Pour les Etats-Unis, il n’est point question d’embarrasser ou de critiquer le régime Bahreïni puisque le pays abrite la Vème flotte américaine dans le Golfe.
Ainsi l’administration américaine s’est dite « très préoccupée », officiellement soit disant « préoccupée » par la violence des répressions mais réellement, préoccupée pour ses propres intérêts stratégiques dans le pays.
En effet, le Bahreïn représente pour les Etats-Unis une base militaire et politique, un poste de commandement des forces navales, spéciales et aériennes dont la circulation lui est totalement facilitée. Un allié donc à ne pas laisser tomber, après la chute de Moubarak et de Ben Ali, les alliés américains tombent un à un et les Etats-Unis ont bel et bien de quoi être préoccupés !
Les monarchies du Golfe ont quant à elles, sans grande surprise, soutenues la répression, l’Arabie Saoudite menace d’intervenir militairement pour aider son voisin Bahreïni à restaurer l’ordre, si la situation venait à empirer.
Le Bahreïn c’est aussi pour les pays du Golf, notamment l’Arabie saoudite, et les Etats-Unis, le dernier rempart face à l’influence Iranienne.
L’Arabie Saoudite considère ce soulèvement « chiite » comme « dangereux » et menaçant car il pourrait également avoir des conséquences sur le régime wahhabite.
En effet, des contestations, certes minimes, se multiplient en Arabie Saoudite. Composées de la minorité chiite du pays mais également d’opposants sunnites qui remettent en cause le régime et revendiquent des reformes politiques, économiques et sociales.