Américains et Israéliens seraient en porte-à-faux sur le dossier iranien
Les Etats-Unis et Israël ont décidé de reporter d'importantes manœuvres conjointes prévues au printemps, a annoncé dimanche la radio publique israélienne, citant des sources militaires.
Ces manœuvres, baptisées "Austere Challenge 12" et présentées comme l'exercice antimissile le plus ambitieux jamais organisé par les deux alliés, est reporté pour des raisons budgétaires au dernier trimestre 2012, a précisé la radio.
"Austere Challenge 12" devait mobiliser plusieurs milliers de soldats israéliens et américains.
Mais cette décision n'a pas été confirmée officiellement: "Aucune décision finale n'a encore été prise, des discussions avec nos collègues américains sont en cours", a déclaré à l'AFP une source au sein du ministère de la Défense, sous couvert de l'anonymat.
L'annonce ne remet pas en cause la visite prévue cette semaine en Israël du général américain Martin Dempsey, le chef d'état-major interarmées, qui doit rencontrer son homologue israélien, Benny Gantz, et le ministre de la Défense, Ehud Barak.
En décembre, l'armée israélienne avait souligné que ces manoeuvres étaient prévues à l'avance et qu'elles n'avaient aucun rapport avec les tensions actuelles. Mais la décision de les reporter, si elle est confirmée, survient au moment où les Etats-Unis et Israël semblent en porte-à-faux sur le dossier iranien.
Le ministre israélien des Affaires stratégiques, Moshé Yaalon, a exprimé dimanche sa "déception" face aux "hésitations" de l'administration américaine sur un durcissement des sanctions contre le programme nucléaire iranien.
"La France et le Royaume-Uni comprennent qu'il faut durcir les sanctions, en particulier contre la Banque centrale iranienne, le Sénat américain est aussi pour, mais le gouvernement américain hésite, il craint une hausse des prix du pétrole dans une année électorale", a expliqué M. Yaalon, qui est aussi le suppléant du Premier ministre Benjamin Netanyahu, à la radio publique.
"De ce point de vue, c'est une déception", a-t-il affirmé.
Interrogé sur la possibilité d'une action militaire israélienne contre l'Iran, Yaalon, ancien chef d'Etat-major, considéré comme un faucon au sein du parti Likoud (droite nationaliste au pouvoir), a estimé que l'option militaire ne devait intervenir qu'en dernier ressort.
"Israël doit être prêt à se défendre. J'espère que l'on n'en arrivera pas là", a-t-il dit.
Selon le Wall Street Journal, Washington s'inquiète de ce qu'Israël, malgré ses objections, prépare une action militaire contre l'Iran et a mis en place un place un plan d'urgence pour préserver ses établissements dans la région.
Le président américain, Barack Obama, son secrétaire à la Défense, Leon Panetta, ainsi que d'autres responsables de haut rang ont fait passer une série de messages privés aux Israéliens pour les mettre en garde contre les conséquences d'une telle attaque, a précisé le quotidien.
En outre, l'assassinat non revendiqué d'un scientifique nucléaire iranien à Téhéran la semaine dernière a alimenté les spéculations sur l'implication des services secrets israéliens et pourrait contribuer à la tension entre Israël et Washington.