Le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé d’imposer un embargo sur la vente d’armes à la Libye,et une interdiction de voyager sur le sol des Etats membres concernant seize personnes.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté samedi à l'unanimité une résolution imposant des sanctions sévères au colonel Mouammar Kadhafi, à sa famille et à des proches du régime.
Parmi ces sanctions adoptées par les quinze Etats membres, figurent notamment un embargo sur la vente d'armes et de matériels connexes à la Libye et une interdiction de voyager sur le sol des Etats membres concernant seize personnes, dont Mouammar Kadhafi, sept fils et sa fille et des personnes intimement liées au régime.
Par cette résolution, les membres du Conseil de sécurité considèrent que "les attaques systématiques" contre la population civile en Libye actuellement menées "peuvent être assimilées à des crimes contre l'humanité".
Le Conseil de sécurité a décidé de transférer au procureur à la Cour pénale internationale (CPI) "la situation en Libye depuis le 15 février" et demande aux autorités libyennes de "coopérer pleinement" avec le tribunal.
Cette mesure a fait l'objet de longues discussions entre les Etats membres, certains ayant soulevé des objections.
Selon des diplomates, la Chine, la Russie, l’Afrique du Sud, l’Inde, le Brésil, et le Portugal ont longuement débattu de cette question.
A savoir que ni les Etats-Unis, ni la Chine, ni la Russie ne font partie des pays membres de la CPI.
Le délégué libyen aux Nations Unies Abdel Rahim Shalqam a toutefois affiché son soutien à l’idée de recourir à la Cour Pénale Internationale.
Après le vote à l’ONU, il a affirmé : « Le régime de Kadhafi a perdu toute légitimité, et certes cette décision constitue un fort soutien moral au peuple qui résiste face au boucher à Tripoli ».
Pour lui, cette résolution sera « le feu vert pour en finir finalement avec le régime fasciste à Tripoli ».
Les membres du Conseil demandent en outre la fin immédiate des violences et que des mesures soient prises pour répondre aux aspirations légitimes du peuple libyen.
Ils exhortent les autorités libyennes à agir "avec la plus grande retenue", à "assurer la sécurité de tous les étrangers", à "assurer le passage sûr des fournitures humanitaires et médicales" et à "lever immédiatement toutes les restrictions sur toutes les formes de médias".
Les Etats membres ont enfin décidé d'imposer un gel des avoirs financiers concernant le colonel Kadhafi, quatre de ses fils et un proche du régime.
Le vote a eu lieu en présence du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon.
Pour l'ambassadeur de France à l'ONU Gérard Araud, le recours du Conseil de sécurité à la Cour pénale internationale (CPI) a une portée qui va bien au-delà de la Libye. « C'est un avertissement à tous les dirigeants qui pourraient être tentés d'user de la répression contre ce que j'ai appelé ce vent de changement et de liberté", a-t-il dit lors d'un point de presse.
Le président américain Barack Obama avait déclaré que Kadhafi devait "partir tout de suite" car il avait perdu la légitimité pour rester à la tête du pays.
De son côté, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a prévenu que la répression de l'insurrection en Libye aura "des conséquences" pour le colonel Mouammar Kadhafi et les siens, en appelant à nouveau à un arrêt "immédiat" des violences. "L'impunité contre les crimes commis ne sera pas tolérée par la communauté internationale", a-t-elle dit.
L'Union européenne est en train de finaliser des sanctions contre le régime similaires à celles adoptées samedi par le Conseil de sécurité de l'ONU.
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a lui, appelé au téléphone son homologue libyen Musa Kusa pour lui faire part de sa condamnation de l'usage de la force contre des civils, a rapporté dimanche le ministère russe des Affaires étrangères.
"La Russie, et toute la communauté internationale, condamne fermement ces agissements", a précisé Lavrov, cité dans le communiqué. Il a aussi appelé Kusa à faire que la Libye respecte les droits de l'Homme et assure la sécurité des Libyens comme des ressortissants étrangers.