Après la mort de soldats français, le président dit envisager un retrait anticipé d’Afghanistan. Une déclaration en totale contradiction avec ses décisions antérieures.
La mort de quatre soldats français exécutés par un homme revêtu de l'uniforme de l'armée nationale afghane alors que ceux-ci faisaient leur petit footing met la France mal à l'aise.
Ainsi, en apprenant la mort des quatre soldats, ce matin, le président Nicolas Sarkozy a estimé que "si les conditions de sécurité ne sont pas clairement établies, alors se posera la question d'un retour anticipé de l'armée française".
Le chef des armées croirait-il que toutes les guerres sont comme celle qu'il a menée en Libye, qui n'a fait ni un mort ni même un blessé côté occidental, avant que la victoire survienne ? Le "zéro mort", ce n'est pas pour l'Afghanistan...
Là-bas, le bilan des pertes humaines s'élève dejour en jour et cette nouvelle attaque porte à 82 le nombre des Français tombés en Afghanistan depuis un peu plus de dix ans.
Ce bilan bien moindre par rapport à celui des autres forces comme par exemple, celui des Etats unis qui s'élève, selon des chiffres officiels à plus de 1880, s'explique : la France a déployé ses forces à Kaboul et dans des provinces (Kapisa et Surobi) qui sont aussi des zones qui se sont finalement révélées moins meurtrières que certaines provinces méridionales, comme le Helmand, où se trouvent les Britanniques.
Mais les hommes armés afghans, qui se battent chez eux ne sont pas les premiers venus. Ils ont compris depuis toujours qu'ils ne pourront pas gagner contre des armées modernes, nombreuses et les mieux équipées au monde, en les affrontant directement. Ils les attaquent donc comme le font les guérillas, par des frappes obliques, des armes légères, des troupes mobiles fondues dans la population, et des attentats ciblés.
En décembre 2001, le président Jacques Chirac et le Premier ministre Lionel Jospin avaient décidé cette intervention en appui de l'opération américaine visant à chasser les talibans du pouvoir.
Les chiffres de la présence française dans ce pays parlent d'eux-mêmes : lorsque Nicolas Sarkozy est arrivé au pouvoir, la France disposait de 1 000 soldats en Afghanistan. Une sorte de "minimum syndical" voulu par Jacques Chirac, qui exprimait ainsi mezzo voce la solidarité de la France avec ses alliés. Et Nicolas Sarkozy était en parfait accord avec cette position.
En Avril 2007, le futur président déclare que la présence française en Afghanistan avait eu son importance dans la lutte contre le terrorisme, mais que "la présence à long terme des troupes françaises dans cette partie du monde ne me semble pas décisive."
Pourtant, quelques jours plus tard, à son entrée à l'Élysée, il décide rapidement d'augmenter le nombre de soldats sur place, qui passe à 1 600 en décembre 2007.
Mais c'est en 2008 que les choses changent vraiment. Pour marquer le coup de son retour de la France dans l'Otan lors du sommet de Bucarest en avril, que le président français porte le contingent à 3 000 hommes. Ils sont 3 750 un an plus tard, 4 000 à la fin de l'année 2009.
C'est en juin 2011, après la mort d'Oussama Ben Laden, que Paris annonce un retrait progressif des troupes françaises. Un premier départ de 400 soldats a eu lieu fin 2011. 3 600 soldats français sont donc présents en ce début d'année en Afghanistan. 600 autres devraient partir courant 2012, pour réduire les effectifs déployés à 3 000 dans un an. Et terminer définitivement leur mission en 2014.
Quand Nicolas Sarkozy annonce aujourd'hui que ce retrait pourrait s'accélérer, une question se pose alors... N'est-il pas surtout en train de démontrer qu'il s'est pris les pieds dans le tapis afghan ? Cela ne démontre t-il pas un nouvel échec dans leur guerre contre l' « insurrection »???