Les Irakiens veulent exprimer leur déception face à l’élection de députés qui ne servent pas leurs intérêts.
Le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, a donné dimanche cent jours à ses ministres pour faire leurs preuves, à la suite des manifestations de colère dans les principales villes d'Irak contre l'incompétence du gouvernement.
"Maliki a fixé au gouvernement et aux ministères une période de 100 jours au terme de laquelle un bilan sera tiré sur les échecs et les réussites de chacun dans leur mission", a annoncé un communiqué du cabinet du chef du gouvernement à l'issue d'un conseil des ministres "extraordinaire".
Par ailleurs, le gouverneur de Babylone, au sud de Bagdad, Salman al-Zargani, a annoncé dimanche sa démission en raison de ses médiocres résultats en matière d'amélioration des services publics.
"J'ai décidé de démissionner en raison de la faiblesse des services publics et des problèmes techniques qui empêchent de mener à bien des projets, notamment la construction de routes et de ponts", a-t-il ajouté, lors d'une conférence de presse.
"Il existe aussi un manque d'harmonie avec les conseillers provinciaux", a-t-il encore dit.
Cela faisait six mois que le conseil provincial réclamait son départ, lui reprochant sa lenteur dans l'exécution des projets et dans la lutte contre la corruption.
Il s'agit du troisième gouverneur élu en 2009 sur la liste de "l'Etat de droit" du Premier ministre Nouri al-Maliki, à quitter ses fonctions depuis début février, quand ont commencé les manifestations contre l'absence de services de base --comme l'électricité et l'eau potable-- et la corruption.
Les gouverneurs de Wassit et Bassora ont déjà annoncé qu'ils quittaient leurs fonctions à la suite de manifestations.
De son côté, l’ayatollah Sayed Ali Sistani a appelé samedi le gouvernement irakien à adopter « des mesures sérieuses pour améliorer la situation dans le pays », mettant en garde contre la lenteur gouvernementale à ce propos.
Dans un communiqué, Sayed Sistani a insisté que « l’électricité, les rations alimentaires, l’emploi pour les jeunes, la lutte contre la corruption dans les différents secteurs de l’Etat, nécessitent des mesures décisives pour éliminer tous les privilèges inacceptables octroyés aux membres, actuels ou anciens, du Parlement, aux conseils des circonscriptions, aux hauts responsables du gouvernements, et aux ministres ».
Du côté des manifestants, un appel a été lancé pour de nouvelles manifestations vendredi à travers l'Irak pour exprimer la déception des électeurs près d'un an jour pour jour après les législatives du 7 mars et rendre hommage aux 18 manifestants tués la semaine dernière.
"Bonjour les affamés d'Irak. Pour le premier anniversaire des élections, vous et nous serons au rendez-vous du +vendredi du regret+, pour avoir élu des députés qui ne servent pas l'Irak et ne répondent pas au désir des Irakiens", affirme un message publié sur le site Djiaa (les affamés).
"Ce sera aussi le +vendredi des martyrs+", ajoute le texte, en référence aux 18 personnes tuées vendredi et samedi lors de manifestations contre la pauvreté des services publics et la corruption dans une vingtaine de villes d'Irak.
Seize manifestants étaient tombés en martyr vendredi et deux samedi, l'un à Qoubaissa, à 170 km à l'ouest de Bagdad, et l'autre à Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan.
En outre, quatre manifestants et un policier avaient trouvé la mort dans les jours précédents à Kout, dans le sud, et au Kurdistan irakien.