"Il est de notre devoir d’exécuter le tyran", lançaient les manifestants.
Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche à Sanaa, réclamant l'exécution du président Ali Abdallah Saleh dont le régime est impliqué dans le meurtre des centaines de protestataires et protestant contre la loi lui accordant l'immunité.
"Il est de notre devoir d'exécuter le tyran", "le peuple yéménite a décidé, Saleh doit être exécuté", répétaient les manifestants partis de la place du Changement, où campent depuis près d'un an les protestataires réclamant le départ du chef de l'Etat.
Le Parlement a accordé samedi au président Saleh, un des alliés des Etats-Unis et de l'Arabie saoudite "l'immunité totale contre toute poursuite légale ou judiciaire".
Il a également entériné la candidature unique du vice-président Abd Rabbo Mansour Hadi à l'élection présidentielle, prévue le 21 février dans ce pays secoué depuis un an par des contestations populaires.
"Aux députés: pas d'immunité aux dépens de notre sang", proclamait une banderole brandie par les manifestants, qui ont tenté de se diriger vers l'ambassade des Etats-Unis avant d'en être empêchés par les forces de sécurité.
Le Parlement avait dû amender le projet de loi, la version initiale étant vivement contestée par la rue et des ONG.
En vertu de la nouvelle loi, les collaborateurs de Saleh, au pouvoir depuis 33 ans et accusé par les protestataires de corruption et de népotisme, bénéficieront de l'immunité "pour les actes politiquement motivés, accomplis dans l'exercice de leurs fonctions officielles". En revanche, l'immunité "ne s'applique pas aux actes terroristes".
Un député de Saada, région du nord du Yémen théâtre depuis 2004 de six rounds de guerre entre l'armée du président Saleh et les houthistes, a affirmé à l'AFP qu'il était opposé à la loi votée samedi.
"Nous avons eu 10.000 victimes dans le nord du Yémen au cours des six guerres. Nous ne pouvons pas renoncer à réclamer justice", a dit M. Abdel Karim Jadbane.
Saleh, actuellement président à titre honorifique, devrait quitter le pays dans les prochains jours, selon un responsable du parti présidentiel, le Congrès populaire général (CPG), Sultan al-Barakani.
M. Barakani a indiqué samedi à l'AFP qu'il se rendrait d'abord à Oman, puis en Ethiopie, avant d'aller à New York.