Des milliers de Bahreïnis ont manifesté ce dimanche dans le pays, alors que les chefs de l’opposition exigent un dialogue dont les dates limites et les objectifs soient bien fixés.
Des centaines d’écrivains, d’universitaires, de journalistes et d’artistes ont effectué une marche de l’Ouest de Manama à la place de la Perle, alors que des milliers de Bahreïnis descendus dans les rues de la capitale, arborant les drapeaux de leur pays, et scandant "va-t'en Hamad!" (Hamad ben Issa Al-Khalifa: ndlr) ont appelé à la démission du gouvernement .
Auparavant, le député du bloc parlementaire bahreïni Wifac, Jassem Hussein, avait annoncé que la population organisera ce dimanche une marche grandiose vers le parquet (la cour) pour exiger la relaxation de cinquante autres détenus toujours emprisonnés.
Dans une interview à la chaine télévisée iranienne AlAlam, Jassem Hussein a indiqué que les ténors de l’opposition et des représentants des jeunes de la révolution du 14 février poursuivent leurs réunions pour fixer la liste des revendications, précisant être parvenus à un accord presque final sur la nécessité que le gouvernement actuel démissionne et qu’il soit remplacé par un gouvernement élu, et que les prérogatives de l’autorité législative soient entières.
Réagissant à la destitution par le roi de certains ministres, le député de Wifac, principale force de l’opposition, a qualifié cette mesure de relative mais d’insuffisante, ajoutant que l’opposition s’attend au départ de tout le gouvernement actuel.
Pour lui, la destitution du ministre chargé des affaires du gouvernement Ahmad ben Atiyatallah AlKhalifa est un grand exploit, puisque ce dernier planifiait de détruire le pays, de chasser le peuple du Bahreïn pour en chercher un autre.
Il a affiché cette même position face à la destitution du ministre de la santé, qui s’est mal comporté avec les martyrs et les blessés de l’intifada.
Jassem Hussein a rejeté les appels du régime au dialogue avant que les objectifs et les principes ne soient fixés. Selon lui, l’opposition ne veut pas dialoguer pour le simple objectif de dialoguer, mais elle veut des dates limites et des objectifs bien déterminés.
Pour sa part, l’opposant en exil qui vient de rentrer samedi au Bahreïn, Hassan Mousheymeh, a assuré que l’opposition va poursuivre son combat, s’inspirant des révolutions tunisienne et égyptienne. Tout en insistant sur la nécessité de préserver l’unité entre sunnites et chiites du pays, Mousheymeh a indiqué à la BBC ne pas avoir confiance en cette famille royale qui se contente de faire de promesses sans y tenir.
Selon lui, ils ne sont pas sérieux dans leurs appels au dialogue, ils veulent simplement finir avec les manifestations sur le terrain. Le simple fait de libérer quelques détenus, de retirer les forces armées des rues et de changer quelques ministres n’est pas suffisant pour entamer un dialogue.
« Aujourd’hui, la voix du changement s’élève et tout le monde dit que le peuple veut renverser le régime. Face à ce slogan, on parle de la destitution de deux ministres, et c’est le roi lui-même qui les destitue, ce qui démontre que l’autorité se trouve dans les mains du roi et du premier ministre. Douze ministres au gouvernement sont de la famille royale. Où est alors la démocratie ?", s'est-il demandé.