25-11-2024 05:55 AM Jerusalem Timing

Pourquoi la Turquie a perdu tous ses voisins?

Pourquoi la Turquie a perdu tous ses voisins?

Ce qui a semblé être durant les dernières années comme une politique indépendante de la Turquie s’est avérée être un leurre. Ankara est toujours sous tutelle.

Pourquoi la Turquie a perdu tous ces voisins ?
C’est l’auteur et académicien islamique turc célèbre Ali Boulatch qui s’est posé cette question et qui tente d’y répondre dans un article publié dans le quotidien Zaman, journal islamique de la mouvance du parti de la Justice et du développement appartenant à l’homme de religion turc qui vit aux Etats-Unis Fathallah Gouline.

Il énumère deux raisons essentielles derrière le trébuchement de la politique étrangère turque : la première étant les engagements de la Turquie, et la seconde les carences structurelles de l’exemple voulu dans la région.
Boulatch évoque en marge une troisième cause, celle de l’approche et du langage fédéral de la nouvelle ottomanie qui a caractérisé les  nouvelles politiques intérieure et extérieure et qui a fait peur à son entourage.

Au début, il a jugé bonne la tactique adoptée par la politique étrangère turque, durant les dernières années, c’est à dire celle d’amortir les problèmes avec les voisins, de faire valoir la force douce, et d’accorder la priorité aux relations commerciales et économiques.

Selon lui, cette tactique a porté ses fruits avec l’Égypte et l’Afrique. Mais explique l'académicien turc "le problème réside dans le fait que la Turquie se devrait dans chacune de ses démarches prendre en considération ses engagements avec l’Occident. Du moment qu’elle a semblé agir comme si elle était en dehors du niveau tactique et de travailler en son nom dans la région, l’Occident lui a opposé une fin d’arrêt.

Il lui a alors rappelé qu’elle est l’alliée de l’occident et membre dans l’Otan, qu’elle a un parcours avec l’Union européenne, et un partenariat avec les États-Unis. Ce qui veut dire que la Turquie dans les pays européens et les États-Unis ne peut jouer un rôle dans la région et ne peut que suivre le parcours qu’ils lui dessinent."

 


Ceci veut dire selon Boulatch que la liberté accordée à Ankara de la part de l’Occident durant les dix dernières années n’est pas stratégique mais elle est liée au domaine tactique et rien d’autre.

"En principe, la permission accordée à la Turquie de jouer un rôle tactique ne revient pas au gouvernement de la Justice et de développement mais à celui des gouvernements de Turgot Ozal. Toutes les politiques sur la diversité des dimensions et de l’amortissement des problèmes avaient elles aussi été discutées durant la présence d’Ismail Djim au ministère des affaires étrangères. A cette époque Ozal disait aux Américains : «  Vous ne connaissez pas la région comme nous. Vous agissez comme un éléphant qui entre dans un magasin de vitres et casse tout. Laissez-nous la liberté d’agir dans la région. Nous connaissons très bien le langage de cette région, ses réactions et ses codes, et le résultat sera pour votre intérêt et le nôtre ». L’occident fut partiellement convaincu", érit-il.

D'après lui, c'est ainsi que la Turquie s’est ouverte au Moyen Orient, aux Balkans et en Asie mineure. Elle a entrepris des relations de haut niveau avec l’Iran, institué des conseils de coopération stratégique avec l’Irak et la Syrie et développé ses liens avec les pays du Golfe.

Du moment qu’elle a entamé ses relations avec les Frères musulmans, les Européens et les Américains lui ont dépêché qu’elle est membre de l’Otan et devrait agir en coordination avec eux.

 

La Turquie a accepté la France au sein de l’Otan et s’est tu face à la désignation de Rasmussen à sa tête elle a également admis l’adhésion d’Israël dans l’Organisation de Coopération et de développement économique. Elle a dressé les missiles à Malte, participé aux  opérations militaires contre la Libye et ne s’est pas opposée à la militarisation de l’opposition syrienne. Elle a joué au Liban la carte perdante et en Irak elle a soutenu les ex-baassistes au motif qu’ils sont sunnites suscitant l’opprobre de la majorité chiite.

Du coup, conclut l’académicien turc la Turquie ne peut en aucun cas agir dans la région avec une politique indépendante. Si elle avance quelques pas, l’occident vient lui rappeler qu’elle a des limites qu’elle ne peut franchir parce que c’est un pays sous tutelle !

(Traduit du journal AsSafir)