Certains y voient par cette décision, une tentative de remonter dans les sondages quelques semaines avant les élections.
Après des jours et des jours d'affirmations suivis de démentis à tout-va, le président français Nicolas Sarkozy a fini par annoncé vendredi à son homologue afghan Hamid Karzaï que le retrait d'Afghanistan des troupes combattantes de l'armée française serait achevé fin 2013, soit un an plus tôt que précédemment prévu.
Au terme d'un entretien avec son homologue afghan, il a expliqué ce changement inattendu par la décision de transférer à l'armée afghane, à partir du mois de mars prochain, la responsabilité de la sécurité dans la province de la Kapisa, au nord-est de la capitale, Kaboul.
Devant la presse, il ajoute que ce mouvement a été décidé "en accord avec le président Karzaï et en accord avec nos alliés, d'une façon organisée et raisonnable me semble-t-il".
Interrogé, l'Elysée a confirmé qu'il s'agissait bien d'une accélération du retrait des troupes françaises.
A Washington, le département d'Etat a indiqué pour sa part vendredi que la décision de terminer le retrait des troupes françaises combattantes un an plus tôt que prévu s'était faite "en consultation" avec les Etats-Unis.
Tel que redéfini par Nicolas Sarkozy, le nouveau calendrier de retrait des quelque 3.600 soldats français toujours déployés sur le sol afghan prévoit le départ d'un millier d'entre eux dès l'année 2012, contre 600 auparavant.
A partir de 2013, ce contingent sera pour l'essentiel chargé d'une mission d'instruction de l'armée afghane.
En rupture avec la ligne qu'il avait jusque-là fixée, le président français avait clairement posé la question de l'accélération du retrait français d'Afghanistan la semaine dernière, juste après avoir appris la mort de quatre soldats, tués par une recrue afghane dont ils assuraient la formation.
Ce revirement a causé l'inquiétude des alliés de la France, notamment des Américains, et de certains officiers français, qui ont mis en garde à mots couverts contre les risques d'un retrait précipité pour les soldats français.
L'opposition de gauche avait dénoncé les motivations "électorales" du président.
Pour rassurer, l'exécutif avait alors entamé un virage à 180 degrés. Mardi, le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé avait appelé au "sang-froid" et souligné la différence entre "un retrait ordonné et une retraite précipitée".
Mercredi, Nicolas Sarkozy avait lui-même assuré, devant les cercueils des soldats tués, qu'il ne se laisserait "pas impressionner".
A moins de trois mois de la présidentielle, le chef de l'Etat a finalement décidé d'accélérer le retrait militaire des militaires français.
Comme pour anticiper d'éventuelles critiques, Nicolas Sarkozy a longuement expliqué sa décision. "C'est parce que nos soldats ont fait un travail remarquable que nous pouvons passer le relais à nos amis afghans, nous n'avons pas attendu la tragédie de ces jours derniers pour décider cela", a-t-il assuré, "nous faisons confiance au président Karzaï".