Fadhila Moubarak, arrêtée et torturée pour avoir défié la police en écoutant de la musique pro manifestants
Le Bahreïn semble retenir l'attention d'Amnesty International. La semaine dernière elle dénonçait l'usage excessif de la violence, aujourd'hui, elle appelle les autorités à libérer une protestataire, dont la peine de prison pour avoir manifesté et écouté des chansons "révolutionnaires" vient d'être confirmée par la Cour de cassation.
La Cour a rejeté lundi le pourvoi de Fadhila Moubarak, condamnée à 18 mois de prison, a affirmé l'organisation de défense des droits de l'Homme dans un communiqué.
"Fadhila Moubarak est une prisonnière d'opinion, qui selon nos informations a été frappée et torturée en détention, puis condamnée lors d'un procès inéquitable devant un tribunal militaire sur la base de fausses accusations", a déclaré Hassiba Hadj-Sahraoui, directrice adjointe d'Amnesty au Moyen-Orient.
"Les autorités de Bahreïn doivent la libérer immédiatement et sans condition", a-t-elle poursuivi.
Amnesty a également réclamé une enquête indépendante sur les allégations de torture sur Mme Moubarak, arrêtée à un check-point le 20 mars, quelques jours après que les forces de sécurité eurent violemment réprimé un mois de contestation.
Selon Amnesty, elle a été arrêtée pour avoir écouté dans sa voiture de la musique appelant au renversement de la dynastie des Al-Khalifa.
Alors qu'on lui demandait de baisser le son, "elle a refusé" et a "été forcée de quitter sa voiture, puis frappée à la tête et arrêtée".
Elle a été reconnue coupable d'avoir participé à des manifestations sur la place de la Perle à Manama, épicentre de la contestation, de posséder des CD et des tracts incitant à la haine contre le régime, et d'avoir agressé un policier en tirant sur sa chemise, selon Amnesty.
Elle a d'abord été condamnée à quatre ans de prison, avant que sa peine soit réduite à 18 mois par une cour d'appel militaire.
Près de 3.000 personnes ont été interpellées au cours du mouvement de protestation qui a éclaté le 24 février 2011, et au moins 700 sont toujours en prison, selon une commission d'enquête indépendante.
Communiqué de l’Association de l’entente nationale
Le principal mouvement de l’opposition bahreïnie, l’Association de l’entente nationale islamique (Wefaq) a accusé les autorités de vouloir accentuer les mesures sécuritaires pour « plus tuer, réprimer et terroriser la population".
Wefaq a indiqué que les autorités ont tué depuis le début des contestations en février 2011, 65 bahreïnis, alors que 60 autres ont complètement perdu leur yeux ou leur vue, alors que ce sont 5000 citoyens qui ont été atteints de blessures légères, moyennes et graves. le communiqué énumère les différents procédés utilisés par les autorités dans leur recours disproportionnée à la force, dont entre autre : les balles réelles, les balles en cartouche, les bombes sonores les bombes lacrymogènes les gaz asphyxiants, les armes blanches, dont les bâtons ...
Commentant la décision de la Cour constitutionnel bahreïnie d’emprisonner 15 années tous ceux qui s’attaquent aux forces de l’ordre, Wefaq estime qu’elle est la preuve que le régime est absolutiste, vu que le pouvoir judiciaire est inféodé au pouvoir. « La juridiction juge tous ceux qui réclament un régime démocratique comme s’ils commettent un coup d’état contre le pouvoir. Alors que les blessures légères des membres de sécurité en civil qui s’attaquent en catimini aux manifestants sont considérées comme étant un homicide volontaire pour des fins terroristes » déplore le communiqué.
Les autorités bahreïnies agacées par les propos de Moqtada Sadr
Par ailleurs, les propos du dirigeant irakien Sayed Moqtada Sadr n'ont pas fait bon vent au Bahreïn... Il avait appelé la semaine dernière les protestataires bahreïnis à continuer à manifester" à l'approche du premier anniversaire, le 14 février, du début des manifestations populaires contre la dynastie des Al-Khalifa.
"Vous allez l'emporter, et nous sommes derrière vous, vous soutenant", avait-il affirmé, selon les médias.
Lundi, le ministère bahreïni des Affaires étrangères a convoqué la chargée d'affaires irakienne, Najla Thamer Mahmoud, pour protester contre les propos « irresponsables de certains dirigeants irakiens sur le royaume », a rapporté l'agence de presse officielle BNA.
Le ministère s'en est surtout pris à Sayed Sadr, dont les propos seraient « une ingérence flagrante dans les affaires intérieures de Bahreïn".
Il a aussi averti que de tels propos "n'aidaient pas améliorer les relations entre les deux pays et leurs deux peuples frères, parce qu'ils favorisent les tensions et perturbent la stabilité et la sécurité dans la région".