Les égyptiens en colère poursuivent leur appel à la désobéissance civile, les frères musulmans, le Cheikh d’Al Azhar et le mufti de la République rejoignent les rangs de l’armée et s’opposent à la grève.
Les forces armées ont pris position dans plusieurs gouvernorats suite aux appels lancés vendredi par les égyptiens en colère en prélude à une grève générale à partir de samedi, a annoncé hier soir la télévision égyptienne.
Les initiateurs de cette grève générale appellent notamment au retrait de confiance au gouvernement de Kamal El-Ganzouri, à la formation d’un gouvernement d’entente nationale pour l’organisation de la présidentielle et la restructuration du ministère de l’Intérieur et la poursuite en justice des personnes impliquées dans la mort des manifestants.
Pour leur part, les partis de la Liberté et la justice (PLJ), l’aile politique des Frères musulmans, Al-Nour et Al-Wafd ont appelé au boycott de cette grève, estimant qu’elle est préjudiciable pour l’économie égyptienne.
Le Cheikh d’Al-Azhar et le mufti de la république égyptienne se sont également opposés aux appels à la grève.
Le conseil militaire fait face à une escalade des protestations revendiquant le transfert du pouvoir à une administration civile et le jugement des responsables des actes de violence survenus dans le pays qui ont fait des centaines de morts et de milliers de blessés.
Dans le même temps, le Conseil suprême des forces armées, au pouvoir en Egypte depuis la chute de Hosni Moubarak il y a un an et très critiqué pour sa gestion de la transition, a affirmé vendredi qu'il ne céderait pas aux "menaces", en évoquant des "complots" contre l'Etat.
Dans un communiqué lu à la télévision publique, le Conseil suprême des forces armées (CSFA) assure que “les tentatives de saper les institutions de l'Etat égyptien et de faire tomber l'Etat lui-même pour que le chaos règne” n’aboutiront pas.
Acclamés il y a un an, les militaires sont très critiqués depuis plusieurs mois pour leur gestion de la transition. Ils sont accusés de perpétuer l'ancien régime et de réprimer le mouvement pro-démocratie, ainsi que de chercher à préserver leurs privilèges et continuer à influencer la vie politique.
La colère contre l'armée est montée d'un cran après la mort de 74 personnes dans des violences après un match de football à Port-Saïd (nord). Le drame a provoqué des manifestations à travers le pays, qui ont rapidement dégénéré en affrontements violents avec la police. Quinze personnes sont mortes dans les heurts au Caire et à Suez (nord-est).