21-04-2025 06:41 AM Jerusalem Timing

"Il n’y a pas d’opposition chez nous", selon le roi de Bahreïn

« Notre gouvernement est un fiasco, il est corrompu jusqu’à la moelle épinière », selon le chef du principal mouvement de l’opposition Wefak

   
  Le roi de Bahreïn Hamad Ben Issa Al-Khalifa a assuré lundi qu'il n'y avait pas d'opposition organisée dans son pays alors que les principaux partis de l’opposition se sont engagés à poursuivre leur mouvement de contestation pacifique en vue d’instaurer une monarchie constitutionnelle, accusant les autorités actuelles d’être « corrompues jusqu’à la moelle épinière ».
  
"Il n'y a pas d'opposition à Bahreïn, le terme +opposition+ impliquant bloc unifié avec les mêmes vues", a déclaré le roi Hamed au journal allemand Der Spiegel.
"Une telle expression n'est pas dans notre constitution. Nous avons seulement des gens avec des vues différentes et c'est bien comme ça", a ajouté le monarque.  
  

Le mouvement de contestation soutenu par la majorité de la population réclame une monarchie constitutionnelle dans ce petit royaume du Golfe dirigé par une la dynastie des Khalife depuis plus de deux siècles.
 

«  Tous sont d’accord pour dire que la corruption et les vols sévissent dans ce pays dirigé par un gouvernement corrompu et incapable d’effectuer son rôle, un gouvernement rétrograde et sous-développé », a déclaré le chef du principal mouvement de l’opposition bahreïni, cheikh Ali Salmane, durant un festival organise dimanche soir auquel ont participé des milliers de femmes et d’hommes près de Manama.

 

Et de préciser : «  nous ne sommes pas dans une situation meilleure qu’en Tunisie, en Égypte et en Libye, et ce malgré le fait que nous sommes un pays pétrolier et que notre population est limitée. Notre gouvernement est un fiasco.. Il est corrompu jusqu’à l’a moelle épinière ».
Appelant à un régime démocratique et de bonne gouvernance », cheikh Salmane, a ajouté qu'une reprise du dialogue avec le régime, rompu en juillet, devrait désormais se faire d'égal à égal. "Il n'y aura point de dialogue entre esclaves et maître", a-t-il dit sous les applaudissements.
«  Notre mouvement oeuvre pour réformer cette situation ; nous n’agissons pas par luxe, mais pour déraciner cette situation corrompue incrustée dans ce pays, nous exigeons la justice, l’égalité, la dignité, la liberté et le bien-être pour tous les citoyens, en instaurant un régime démocratique, et une bomme gouvernance sur les décombres d’une dictature qui se doit de tomber », a-t-il scandé.

Pour sa part, le roi Hamad a indiqué au Spiegel avoir demandé l'aide de forces du Conseil de coopération des Etats arabes du Golfe, lors des protestations à Bahreïn l'an passé pour empêcher l'Iran de prendre pied dans son pays.
 "Nous avons invité les troupes du CCG à venir protéger nos installations stratégiques au cas où l'Iran deviendrait plus agressif", a-t-il dit.
 Il a exclu une attaque militaire contre l'Iran, estimant que cela serait contraire à l'Islam.

Une enquête dirigée par une commission indépendante l’an dernier avait cependant nié avoir trouvé aucun indice prouvant l’implication de l’Iran dans ce mouvement populaire.
Par contre, Amnesty International a estimé lundi que Manama n'avait pas mis en œuvre les réformes recommandées par cette commission sur la répression de la contestation.
   "Le gouvernement de Bahreïn est encore loin d'opérer les changements en matière de droits de l'Homme", proposés par la commission indépendante, relève l'organisation dans un communiqué.


Lundi, les forces anti-émeutes de Bahreïn se sont déployées massivement sur les principaux axes routiers de la capitale Manama pour empêcher une marche à laquelle ont appelé des militants, vers la place de la Perle, haut lieu symbolique de la contestation.

Dimanche elles avaient réprimé avec violence des manifestations qui tentaient de se diriger vers la place de la perle, tirant des gaz lacrymogène et des bombes assourdissantes (particulièrement nocifs et mortels parfois) sur des milliers de personnes.
 Dans les banlieues de Manama, des affrontements ont opposé dans la nuit de dimanche et jusqu'à l'aube des manifestants à la police qui les a dispersés à l'aide de tirs de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes, ont rapporté des témoins.
 Plusieurs personnes ont été blessées mais ont préféré ne pas se rendre dans les hôpitaux gouvernementaux de peur d'être arrêtées, a précisé l'un des témoins.
 

Les protestataires répliquent souvent aux tirs de la police par des jets de pierres, en scandant des slogans appelant à une monarchie constitutionnelle et à la poursuite d'une résistance "pacifique" à la répression policière, selon l’AFP.
  
Mais certains protestataires appellent aussi au renversement du roi Hamad Ben Issa Al-Khalifa, en scandant "A bas Hamad" ou "Le peuple veut la chute du régime", selon des vidéos mises en ligne sur des sites de l'opposition.
 

Dans un communiqué, les "Partisans de la révolte du 14 février à Bahreïn" se sont engagés ce lundi à poursuivre leur mouvement affirmant qu'il n'y aurait "pas de dialogue jusqu'à la chute du régime".