Deux navires de guerre américains se rapprochaient mardi de la Libye. Combats à Brega à l’Est du pays.
Au quinzième jour de la révolution en Libye, le scénario irakien s’imposait avec force. Les Etats-Unis s’attellent à trouver des prétextes justifiant leur intervention militaire dans ce pays riche en pétrole.
Selon la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, le Pentagone et les membres de l'Otan ont commencé à examiner des "préparatifs pour le moment où nous estimerons qu'il est nécessaire, pour des raisons humanitaires et autres, que des mesures soient prises".
Parmi les mesures envisagées, figure une zone d'exclusion aérienne, a dit Clinton, mais son instauration, lourde de conséquences, n'est pas encore à l'ordre du jour.
Entre-temps, deux navires de guerre américains, dont le porte-hélicoptères USS Kearsarge, traversaient mercredi le Canal de Suez pour rejoindre la Méditerranée et se positionner au large de la Libye, ont indiqué les autorités du canal.
"Le USS Kearsarge et le USS Ponce sont entrés à 06H00 (04H00 GMT) dans le canal de Suez par son entrée sud et se dirigent vers la mer Méditerranée", a précisé un responsable du canal dans un communiqué.
Douze à quatorze heures sont nécessaires pour traverser le canal et déboucher dans la mer Méditerranée.
"Nous déplaçons des éléments pour les rapprocher" de la Libye, a indiqué jeudi soir un responsable du Pentagone. "Un navire comme le Kearsarge est capable de plusieurs types de mission", a-t-il ajouté.
L'USS Kearsarge est un porte-hélicoptères transport de chalands de débarquement. Le groupe d'opérations amphibies du Kearsarge, avec quelque 800 Marines, une flotte d'hélicoptères et des installations médicales, peut assurer un soutien à des opérations humanitaires aussi bien que militaires.
Les responsables militaires américains préparent une liste d'options à proposer au président Barack Obama et sont en discussion avec leurs homologues européens, mais le flou demeure concernant la probabilité d'une intervention militaire.
Un porte-avion américain, l'USS Enterprise, transportant des avions de chasse capables le cas échéant d'imposer une zone d'exclusion aérienne, pourrait également être appelé en renfort. Il
est actuellement dans le nord de la mer Rouge, selon le site de la Navy.
Le Sénat américain a pour sa part adopté mardi soir une résolution demandant à la communauté internationale d'envisager l'instauration d’une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye pour « protéger les civils ». Or, un tel dispositif serait "extraordinairement compliqué", a remarqué mardi le plus haut gradé américain Mike Mullen.
Le secrétaire américain à la guerre, Robert Gates, a déclaré qu'"il n'y a pas ( jusqu'à présent) de consensus au sein de l'Otan pour le recours à la force".
COMBATS A BREGA A L'EST DU PAYS
Sur le terrain, les jeunes de la révolution ont repris le contrôle de la région de Brega à 200 km au sud-ouest de Benghazi, a rapporté la chaine AlJazira.
Les forces de Kadhafi étaient peu auparavant entrées mercredi à Brega, jusqu'alors contrôlée par les opposants, où se déroulaient de violents combats, selon des témoins et des sources de l'opposition.
"Dans la nuit les forces de Kadhafi ont attaqué l'aéroport de Brega où elles ont affronté les révolutionnaires", a déclaré Aymane al-Moghrabi, un médecin qui participe au soutien médical des combattants à Ajdabiya, à 160 km au sud-ouest de Benghazi.
Un travailleur de la raffinerie de Brega, près de la ville, joint par téléphone a indiqué ne pas pouvoir quitter sa maison. "Les employés ont reçu instruction de ne pas sortir", a-t-il précisé.
Les forces de l'armée régulière sont entrées à Brega avec plusieurs chars et de l'artillerie lourde et ont occupé un quartier d'habitation, selon un témoin, ajoutant que des combats intenses se déroulaient au port.
Il est à noter que l'opposition libyenne, maître de vastes régions du pays, organise la lutte armée pour tenter de chasser Kadhafi du pouvoir. Le "Leader libyen" qui a gouverné le pays d'une main de fer pendant plus de 40 ans, et ses forces ne contrôlent que la capitale Tripoli et sa région. Mais selon des témoins, des militaires pro-régime ont renforcé le poste-frontière de Wasen, avec la Tunisie, déserté ces derniers jours.
Après avoir pris le contrôle de l'Est et de secteurs à l'Ouest, l'opposition a créé à Benghazi un conseil militaire, embryon d'une future armée contre Kadhafi.
Selon le diplomate libyen à l'ONU Ibrahim Dabbashi ayant fait défection, le gouvernement de transition qui sera formé par l'opposition commencera à travailler même si Kadhafi reste au pouvoir à Tripoli. Des contacts ont été pris à l'ONU dans l'optique d'une reconnaissance internationale, selon lui.
Plus à l'ouest, à Zenten, à 145 km au sud de Tripoli, l'opposition contrôle la ville mais craint une contre-offensive des forces pro-Kadhafi. Elle revendique aussi le contrôle de villes autour de la capitale et dans l'Ouest, dont Nalout et Zawiyah, malgré des heurts entre pro et anti-Kadhafi.
A Zawiyah, après des échauffourées nocturnes, la situation était calme, les commerces et les boulangeries ayant même ouvert. Les villes de Misrata, à l'Est, et Gherien, au Sud, semblent aussi être aux mains de l'opposition.
L'opposition contrôle en outre les principaux champs de pétrole du pays dont les exportations, notamment vers l'Europe, doivent reprendre bientôt.