Il se trouvait à Islamabad, pour une rencontre avec ses homologues pakistanais et afghan.
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a dénoncé vendredi à Islamabad les interférences étrangères, responsables de tous les problèmes dans la région, lors d'un sommet tripartite Pakistan-Afghanistan-Iran consacré notamment au processus de paix afghan.
Son homologue afghan Hamid Karzaï a de son côté réclamé des actes, plus que des mots, lors de cette rencontre où il semble avoir sollicité l'aide de son voisin pakistanais pour amener les rebelles talibans à négocier la paix.
Le Pakistan, à la fois allié des Américains et historiquement proche des talibans qui les combattent en Afghanistan, a de son côté nié jouer un double jeu pour préserver ses intérêts stratégiques dans ce pays, alors que ses relations avec Washington se sont largement dégradées ces derniers mois.
"Tous les problèmes viennent de l'extérieur. Dans le but de promouvoir leurs buts et ambitions, ils ne veulent pas que nos nations se développent", a martelé M. Ahmadinejad, sans toutefois préciser quels pays il visait.
"Nous sommes venus renforcer la coopération entre nos trois nations. Nous allons avancer pour résoudre ces problèmes... et nous devrions empêcher les autres d'interférer", a-t-il souligné, ajoutant: "Nous pensons que les problèmes de la région doivent être résolus au niveau de la région".
Le conflit afghan, qui oppose depuis dix ans le gouvernement de Kaboul et son allié de la force de l'Otan (Isaf, 130.000 soldats) aux talibans, a connu un tournant en décembre lorsque les rebelles ont pour la première fois accepté le principe de négociations de paix avec les Etats-Unis, qui dirigent l'Isaf.
Ce processus compliqué reste toutefois embryonnaire, et n'a pas à faire cesser les combats. "Ce dont nous avons besoin aujourd'hui, c'est de formuler une politique applicable et nous y tenir dans les faits", a déclaré M. Karzaï.
Si les relations entre Kaboul et Islamabad ont souvent été plombées par le manque de confiance mutuel, tous deux se sont dits prêts à favoriser la paix pour stabiliser leurs deux pays, ensanglantés par les rebellions islamistes.
"Notre rencontre tripartite d'aujourd'hui était orientée vers l'avenir et destinée à identifier les opportunités et dangers qui nous entourent", a ajouté M. Karzaï.
Le président afghan a déclaré cette semaine dans un entretien au Wall Street Journal que des contacts secrets avaient eu lieu entre son gouvernement, les talibans et les Américains.
Mais les rebelles, qui ne reconnaissent pas son gouvernement, qu'ils considèrent comme une "marionnettes des Américains", ont nié négocier avec lui.
Le Pakistan s'est de son côté récemment dit prêt à faire toute ce que Kaboul lui réclamerait pour faire avancer la paix.
Mais certains de ses alliés afghans et américains doutent de sa sincérité, Islamabad étant régulièrement accusé de soutenir les talibans pour défendre ses intérêts stratégiques en Afghanistan bien qu'il soit officiellement allié avec les Américains qui traquent les rebelles afghans.
Asif Ali Zardari a de son côté nié tout double jeu du Pakistan chez son voisin. "Certes je ne peux pas nier qu'il y ait au Pakistan un résidu de la guerre livrée à l'Union soviétique" dans les années 1980, à l'époque où le Pakistan soutenait les résistants moujahidines afghans, dont certains sont ensuite venus grossir les rangs des talibans et de leurs alliés d'Al Qaïda.
"Nous ne pouvons pas nier que des gens chez nous soient impliqués" dans le terrorisme, mais cela est un problème mondial", a-t-il ajouté.
"Nous, les trois présidents que vous voyez ici ensemble, combattrons cette menace", a-t-il affirmé.