Bilan en perpétuelle hausse: neuf personnes sont mortes lors de manifestations anti-américaines contre l’autodafé du Coran dans une base militaire américaine mardi...
Au moins huit personnes, sept civils et un policier afghan, sont morts vendredi à Herat (ouest) et Baghlan (nord-est) lors de manifestations anti-américaines contre l'incinération de Corans dans une base militaire américaine mardi, malgré des appels au calme.
Ces huit décès portent à 23 morts le bilan des quatre premiers jours de manifestation, dont deux soldats américains, d'après un comptage de l'AFP. Il y a aussi une centaine de blessés, la plupart par balle.
La majeure partie des victimes vendredi provient de la province d'Herat, habituellement l'une des plus calmes du pays, où sept personnes, dont un policier (BIEN policier) et une femme ont perdu la vie, "le plus souvent lors d'échanges de tirs", a déclaré à l'AFP Moheedin Noori, un porte-parole provincial.
Trois d'entre elles, qui incluent le policier, ont péri quand des protestataires ont essayé de marcher sur le consulat des Etats-Unis de Herat, a poursuivi M. Noori.
"Cela a été très violent près du consulat américain. Il y a eu des affrontements. Certains protestataires ont essayé de saisir les armes de policiers. Il y a eu des tirs", a indiqué cette source sécuritaire de haut rang à l'AFP, pour qui deux civils sont morts dans ces combats.
Une cinquantaine d'autres personnes ont également été blessées dans la province d'Herat vendredi, d'après Moheedin Noori.
Un homme est décédé en essayant de s'introduire dans un camp de l'Equipe de reconstruction provinciale, une unité composée de civils et de militaires, souvent étrangers, dans la province de Baghlan (nord-est).
Des photographes de l'AFP ont aussi vu deux corps lors d'émeutes à Kaboul, l'un d'entre eux qualifié de "mort" par les personnes qui le transportaient et l'autre, demeuré très longtemps immobile par terre, blessé par balle à la tête.
Les autorités ne font toutefois état que de trois blessés dans la capitale.
Un journaliste de l'AFP a ainsi vu en début d'après-midi, au tout début des émeutes, l'armée tirer en l'air pour éloigner la foule, puis un homme à terre, touché par balle à une hanche.
"Les Américains ont manqué de respect à notre saint Coran. Nous allons nous venger. Nous les brûlerons", a lancé un manifestant à l'AFP.
Les marches ont débuté après la prière du vendredi, durant laquelle au moins un imam à Kaboul a poussé les fidèles à prendre la rue pour protester contre la destruction du livre saint de l'islam, a constaté l'AFP.
Dans la nuit de lundi à mardi, des exemplaires du Coran, confisqués à des détenus de la prison de la base américaine de Bagram, à 60 km au nord-est de Kaboul, ont été incinérés parce que, selon des responsables à Washington, ils servaient à faire passer des messages entre prisonniers.
Le président américain Barack Obama a présenté ses "excuses les plus sincères" au peuple afghan pour une "erreur", commise par "inadvertance" et par "ignorance".
Une délégation nommée par le gouvernement, composée notamment de personnalités religieuses ayant enquêté sur les Corans brûlés, a appelé jeudi soir les "citoyens musulmans afghans" à "la retenue", leur demandant de "ne pas
recourir à des protestations qui pourraient permettre à l'ennemi (insurgé) de prendre avantage de la situation".
Les mêmes mots ont été employés par le commandant de l'Isaf, le général John Allen, qui a demandé aux "membres de l'Isaf et (aux) Afghans à faire preuve de patience et de retenue", alors que "des faits sur l'incident" "continuent d'être réunis".
Le sentiment antiaméricain n'a jamais été aussi fort dans la population en 10 ans de conflit, au diapason des bavures de l'Otan qui tue relativement fréquemment des civils et de diverses affaires récentes de profanations ou
autres actes blasphématoires à l'égard de l'islam.