Israël aurait besoin de mobiliser la totalité de sa flotte de 125 chasseurs et de huit ravitailleurs pour mener à bien un tel raid.
Un bombardement par Israël des sites nucléaires iraniens serait extrêmement périlleux pour l'Etat hébreu mais aussi pour les Etats-Unis, qui risqueraient d'être emportés dans un conflit, estiment des experts américains.
Ces dernières semaines, Israël a soufflé le chaud et le froid sur la possibilité de mener des bombardements pour paralyser le programme nucléaire de Téhéran. Mais Américains et Européens ont redoublé leurs pressions pour éviter toute attaque et donner une chance aux sanctions internationales.
En cas d'attaque, la défense aérienne et les avions de chasse vieillissants de Téhéran ne devraient pas poser de gros problèmes à Israël, mais la réussite d'une telle mission dépendrait largement de la fiabilité des renseignements israéliens et de la capacité de l'Iran à cacher son matériel sensible.
Israël est réputé pour sa capacité à frapper les sites cachés de ses ennemis, mais attaquer le dispositif nucléaire iranien représente une tâche bien plus hasardeuse en comparaison des raids menés dans le passé contre l'Irak et la Syrie.
En 1981, des chasseurs israéliens avaient détruit le réacteur atomique irakien d'Osirak sans perdre un avion et en 2007 les Israéliens sont fortement soupçonnés d'avoir anéanti un réacteur clandestin en Syrie.
Mais parcourir 1.600 km pour atteindre l'Iran serait un défi pour la capacité de ravitaillement des avions israéliens, alors que les sites iraniens --dont une usine construite dans la montagne-- constituent des objectifs difficiles à atteindre.
"Il ne s'agit pas d'une croix sur une carte, d'une cible unique qu'on anéantit avec un bombardement et puis c'est réglé", résume William Fallon, ancien amiral de la marine américaine qui était à la tête des opérations militaires américaines au Moyen-Orient et en Asie centrale jusqu'en 2008.
Une attaque serait "très difficile" parce que les Iraniens "ont été assez intelligents dans la façon de disperser leurs sites nucléaires", a déclaré M. Fallon jeudi lors d'une conférence d'un centre de réflexion à Washington.
Tous les chasseurs mobilisés
Les experts estiment que l'Iran serait sans doute capable de relancer sa production d'uranium enrichi après avoir encaissé des bombardements.
"Les équipements qui servent à concevoir des centrifugeuses peuvent être déplacés assez rapidement et l'ont déjà probablement été. Du coup, ce qu'on croit savoir à un instant T n'est plus forcément valable un mois plus tard", déclare à l'AFP David Albright, président de l'Institut pour la science et la sécurité internationale.
Selon Scott Johnson, consultant pour les questions de défense, Israël aurait besoin de mobiliser la totalité de sa flotte de 125 chasseurs et de huit ravitailleurs pour mener à bien un tel raid. Les Israéliens "auraient besoin de mobiliser tout ce qu'ils ont. L'ensemble du dispositif serait prêt et utilisé", dit-il.
Parmi les cibles visées, on peut recenser le centre d'enrichissement souterrain de Natanz, une centrifugeuse à Téhéran et l'usine, dont l'existence a été récemment révélée, construite dans la montagne à Fardo, près de Qom.
Cette installation a été construite à au moins 80 mètres sous terre et est probablement hors de portée même des bombes conventionnelles les plus puissantes des Américains.
Israël serait par ailleurs sous pression pour mener une attaque rapide, dans la mesure où une opération durant plus d'une nuit ferait peser des risques "à la fois politiques et militaires" importants, souligne Daniel Levy, du centre de réflexion New America Foundation, qui a travaillé pour le gouvernement israélien entre 1999 et 2001.
Une attaque de plusieurs jours permettrait plus facilement à l'Iran de contrer les plans israéliens. Et un travail à moitié fini, avec des capacités nucléaires iraniennes entamées mais pas anéanties, pourrait entraîner des représailles visant les Etats-Unis.
"Quand les Israéliens mettent sur pied un tel scénario, ils partent du principe que les Américains seront obligés d'entrer dans le jeu", observe M. Levy.