L’option d’une intervention militaire suscitait de profondes divisions au sein de l’Otan. Quant à la Ligue arabe, elle soutient la mise en place d’une zone d’exclusion mais s’oppose à une intervention militaire.
Le colonel Mouammar Kadhafi a contre-attaqué mercredi, promettant des milliers de morts en cas d'intervention des Occidentaux en Libye et envoyant troupes et avions de chasse dans l'Est contrôlé par les insurgés.
Face à cela, le porte-parole de l'opposition, Abdelhafez Ghoqa, a appelé depuis Benghazi, "les Nations unies et tout pays qui soutient la Révolution du 17 février à lancer des frappes aériennes sur les sites et positions des mercenaires dont il est clair qu'ils sont utilisés contre les civils et le peuple libyen". "Le Niger, le Mali et le Kenya envoient des troupes en Libye", a-t-il accusé.
"Il a été décidé que toute présence étrangère en Libye était inacceptable et serait vigoureusement combattue. Il y a une différence entre des frappes aériennes stratégiques sur les positions de ces mercenaires et la présence de forces étrangères sur le sol libyen", a souligné Abdelhafez Ghoqa.
Il a en outre annoncé que l'ancien ministre de la Justice, Mustapha Mohamad Abdeljalil, allait présider le "Conseil national" de transition mis en place dans les villes contrôlées par les l’opposition.
L'option d'une intervention militaire en Libye suscitait cependant de profondes divisions au sein de l'Otan, en raison des craintes de réaction dans le monde arabe.
La France a réitéré son opposition. Les Etats-Unis sont encore "loin d'une décision" sur l'opportunité d'une zone d'exclusion aérienne en Libye, selon la secrétaire d'Etat Hillary Clinton. D'ailleurs, a-t-elle souligné, les Etats-Unis "n'écarteront aucune option tant que le gouvernement libyen tournera ses armes contre son peuple".
Sur le terrain, environ 400 Marines US sont arrivés, mercredi, sur la base américaine de Crète (Grèce). Selon le porte-parole de la base, Paul Farley, "ils doivent être transférés dans les prochains jours sur deux navires de guerre américains qui se trouvent actuellement en Méditerranée". Leur arrivée "s'inscrit dans une opération de repositionnement des forces dans la région" (...) et est liée "avec la Libye", a-t-il ajouté.
Rappelons que deux navires de guerre américains, dont le porte-hélicoptères USS Kearsarge, avaient rejoint la Méditerranée mercredi pour se positionner au large de la Libye. Ce porte-hélicoptères peut assurer un soutien soit à des opérations humanitaires soit militaires.
Une frégate britannique, le HMS Westminster, a également quitté Gibraltar pour la Libye, avec à bord, en plus des hélicoptères et lance-missiles habituels, et du matériel médical.
La Ligue arabe a pour sa part indiqué mercredi qu'elle pourrait soutenir la mise en place d'une zone d’exclusion, visant à empêcher des frappes aériennes contre des civils, bien qu'elle reste opposée à une intervention militaire.
Dans ce contexte, l'ambassadeur chinois à l'ONU, président en exercice du Conseil, a rapporté mercredi que l'idée d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye "circule" au Conseil de sécurité mais aucune demande officielle pour un débat à ce sujet n'a été faite.
Il est à noter que la répression de la révolte libyenne a fait 6.000 morts, selon la Ligue libyenne des droits de l'Homme, dont 3.000 à Tripoli et 2.000 à Benghazi - un bilan nettement plus important, dans cette dernière ville, que les 220 à 250 morts avancés par des sources hospitalières locales et le CICR.