Les menaces turques ont pris le dessus sur la décision du Président français de qualifier de génocide le massacre des Arméniens dans les années 1910.
La censure mardi par le Conseil constitutionnel français d'une loi punissant la négation du génocide arménien en 1915 a permis d'éviter une "grave crise" entre la France et la Turquie, a affirmé le vice-Premier ministre turc Bülent Arinç.
Sur son compte Twitter, il poursuit: "Avec cette décision, le Conseil constitutionnel a donné une leçon de droit aux politiciens français signataires de cette loi qui constituait depuis le début un monument d'absurdité", a également commenté Arinç.
Le ministre a estimé que la décision mettait un terme à une "situation négative" entre la France et la Turquie, mais aussi qu'elle aurait un "effet" sur les relations turco-arméniennes qui sont proches du point mort, en raison notamment de leur différend sur la question du génocide arménien.
Il a aussi invité la France à adopter désormais une "approche constructive, juste et fondée scientifiquement de la controverse sur l'histoire turco-arménienne", pour "favoriser une solution plutôt que d'approfondir les problèmes".
Le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu a pour sa part appelé à tirer les leçons de cette décision, estimant qu'elle ferait désormais jurisprudence concernant les tentatives de légiférer sur l'histoire.
Et de déclarer: Nous espérons que ceux qui poursuivent des objectifs politiques (en jouant) avec l'histoire des sociétés en tireront une leçon", a-t-il dit.
Mais à Paris, dès l'annonce de la décision du Conseil constitutionnel, le président français Nicolas Sarkozy a chargé le gouvernement de préparer un nouveau texte.
La loi censurée prévoyait un an de prison et 45.000 euros d'amende la négation de tous les génocides reconnus par la France, dont celui des Arméniens.
La Turquie avait réagi au vote de cette loi en rappelant temporairement son ambassadeur en France et en gelant la coopération politique et militaire entre les deux pays, pourtant alliés au sein de l'Otan.
Elle avait également laissé planer la menace de mesures de rétorsion sévères contre la France dans les domaines économique et culturel en cas de validation du texte par le Conseil constitutionnel.
La Turquie reconnaît des massacres d'Arméniens entre 1915 et 1917 --elle parle de 500.000 tués-- dans les territoires alors administrés par l'empire ottoman, dont elle est l'héritière, mais récuse le terme de génocide. Les Arméniens avancent eux le chiffre de 1,5 million de morts.