Depuis la chute du régime Moubarak, les ONG occidentales s’activent. Comme partout dans le monde, elles œuvrent pour travestir la démocratie dans ce pays.
Evolution dramatique dans l’affaire des 43 membres d’ONG étrangères, majoritairement des américains, accusés en Égypte d’activités politiques illicites, voire d’espionnage: les juges chargés de l'affaire ont décidé de se retirer du procès.
Selon l’AFP, les juges n’ont pas donné d’explication à leur démarche. Sachant que les medias ont fait état d’altercations ayant eu lieu durant la séance de dimanche dernier, au cours de laquelle a été décidée l’ajournement du procès à 26 avril. D’après le journal AlMasri al Yaoum (l’Égyptien d’aujourd’hui), le magistrat Mohammad Khoury reprochait aux avocats de défense d’enfreindre ses ordres et de lui couper incessamment la parole.
Après la séance, les avocats ont dit espérer une solution «diplomatique», quand bien même les procureurs généraux accusent ces étrangers d’espionnage et réclament des peines de prisons. Ils semblent avoir eu gain de cause. Mardi, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a assuré que l'Egypte et les Etats-Unis "approchaient d'une solution". En terme pratique, cela veut dire que les pressions de son pays sont sur le point de porter leurs fruits
Un procès sans accusés
D’ailleurs, avant même son déclenchement, ce procès semblait tourner à la mascarade. Dimanche, tous les accusés étrangers s'étaient absentés. Seuls étaient présents quelques accusés égyptiens : six et non pas les 14 comme l’ont dit certaines agences internationales. Ils ont été laissés en liberté jusqu'à la prochaine audience.
Pis encore : la plupart des inculpés étrangers, ont pris la fuite. Un responsable d'une ONG américaine a dit pour l’AFP qu’ils ont quitté le pays avant que l'interdiction de sortie du territoire ne soit prononcée. Pourtant, les autorités égyptiennes voulaient les arrêter dès l’éclatement de l’affaire, mais les mises en garde de l’ambassadrice américaine et des pays occidentaux les ont intimidées. Sans compter la menace américaine de suspendre l’aide que Washington leur accorde par an.
12.000 documents sortis d’Égypte
Selon des observateurs égyptiens, ces vives réactions américaines et occidentales montrent qu’ils veulent cacher les véritables activités de ces organisations non gouvernementales. D’autant plus que Sam LaHood, qui est le responsable de la section Egypte de l'International Republican Institute (IRI) est accusé par les deux enquêteurs du ministère de la justice d’avoir sorti 12.000 documents dont certains sont liés à la sécurité nationale et ce à travers une société de poste internationale.
Fils du ministre américain des Transports Ray LaHood, lui et les six autres américains inculpés qui n’ont pas encore quitté le pays se sont réfugiés à l'ambassade des Etats-Unis.
Outre les Américains et les Egyptiens, il y a parmi les prévenus des Serbes (5), des Norvégiens, des Allemands (2), des Palestiniens et des Jordaniens, selon la justice égyptienne.
Activités douteuses
Fin décembre, les locaux de 17 ONG qui se présentent comme étant spécialisées dans le soutien à la société civile ont été perquisitionnés.
Mais ce sont 5 d’entre elles qui sont particulièrement stigmatisées : 4 américaines et une allemande. L’institut républicain international (l'International Republican Institute) (IRI) (affilié au parti républicain américain) et l’institut national de démocratie, la société Freedom House, le Centre américain international des journalistes (CAIJ) et la société allemande Konrad.
Sans autorisation préalable, et en toute clandestinité, ces sections locales ont ouvert des sièges locaux, les ont gérés et ont obtenu des fonds étrangers estimés entre mars et décembre 2011, à 48 millions de dollars.
Ce financement est d’autant plus litigieux qu’il provient de fonds accordés dans le cadre de l’aide économique américaine à l’Égypte, et qui devraient exclusivement être consacrés aux ONG autorisées par les autorités.
Aider les partis qu'ils soutiennent
Selon le journal égyptien Al-Masri al-Yaoum, ces 5 organisations sont accusées de mettre au point des programmes d’entrainement politique à certains partis politiques, d’effectuer des recherches et des sondages d’opinion sur des échantillons de citoyens, et de soutenir les campagnes électorales de certains représentants politiques.
Il n’est pas précisé quelles parties égyptiennes ont profité de leurs services, ni celles qui ont illicitement, été financées. Il leur arrivait même durant les scrutins législatifs de mobiliser des électeurs également sans autorisation préalable. Et pour couronner le tout, ces sections se devaient de rédiger des rapports sur leurs activités et de les envoyer aux sociétés mères aux Etats-Unis.
Impliquer le Hezbollah pour se désinculper
Selon le quotidien égyptien Rose Youssef, le 16 février dernier le parquet a interdit de voyage deux membres étrangers d’ONG, un australien et un américain, accusés d’incitation des travailleurs à la désobéissance et à la grève, en échange des sommes d’argent.
Concernant le premier, qui travaille comme journaliste, il est entré en Egypte avec un visa touristique et sans carte de travail, en provenance de Tunisie. Les médias ont révèlé que des documents sur le Hezbollah ont été retrouvés dans son domicile. (Le Hezbollah et par la voix de son secrétaire général a mis en garde contre certains parties en Égypte de vouloir l’impliquer dans les événements égyptiens pour ternir son image) Quant au second, l’américain, il n’avait pas de papier d’identité et c’est le consul américain qui les lui a fournis.
Les deux membres entretenaient des liens avec un des dirigeants syndicaliste Kamal Fayyoumi, à travers le site social Facebook.
Un regard chinois pertinent
Interrogé par le journal chinois « Le peuple », l’expert chinois Len Tsong (du centre des études d’Asie occidentale et d’Afrique dans l’Institut chinois des études sociales) estime que ces ONG qui jouissent davantage d’indépendance sont sorties de leur torpeur depuis la révolution égyptienne et peuvent faire pression sur le gouvernement. Tsong soupçonne les forces extérieures de vouloir utiliser les ONG pour élargir le cadre de leur ingérence.
En effet, disséminées partout dans le monde, ces organisations s'activent particulièrement lorsque les intérêts des pays occidentaux se trouvent en danger. En plus de leurs propres activités de recherches et de collecte d'informations les plus détaillées, elle aident par tous les moyens les parties locales avec lesquelles elles a des affinités pour qu'elles accèdent au pouvoir.
Autrefois, les Occidentaux fomentaient les coup-d'état contre des dirigeants élus démocratiquement qui leur déplaisaient. (Alliende en Chilie, Moussadegh en Iran, ...) Aujourd'hui, ils se comportent comme s'ils constituent une composante intégrante dan la vie politique (le Liban comme exemple).
A l'ère de la démocratisation, et en son nom, leur ingérence s'avère plus insolente que jamais.