Pour Tom Parker, directeur d’Amnesty International chargé des questions de terrorisme. "Justice ne peut être rendue à 10.000 pieds d’altitude".
L'élimination au nom de la loi de citoyens américains est tout à fait justifiée assurait lundi le ministre américain de la Justice.
C'est la première fois qu'un haut responsable de l'administration Obama justifie en invoquant la constitution, les récentes attaques par des drones américains dans lesquelles au moins trois citoyens américains ont péri, dont l'imam d'Al-Qaïda, Anwar al-Aulaqi.
Au nom de la « guerre contre le terrorisme » Eric Holder déclare devant l'Ecole de droit de la Northwestern University de Chicago "Notre gouvernement a le droit et je dirais même la responsabilité dans certains cas (d'utiliser) la force pour défendre les Etats-Unis de manière appropriée et légale".
"La citoyenneté américaine n'immunise pas de tels individus" et ne les "empêche pas d'être ciblés", a-t-il ajouté.
Justifiant cette position très controversée, le ministre poursuit: "la capture d'un terroriste citoyen américain présentant une menace imminente d'attaque violente n'est pas toujours faisable, en raison de la manière dont les terroristes agissent et des lieux où ils ont tendance à se cacher".
En réponse aux nombreuses critiques qui fusent parmi les organisations de Défense des Droits de l'Homme il déclare: "Certains appellent ces opérations des assassinats", a expliqué Eric Holder, "ce n'en sont pas (...), les assassinats sont des meurtres illégaux". Or "l'utilisation de la force par le gouvernement américain comme moyen d'auto-défense (…) ne saurait être illégale".
Tentant de rassurer quelque peu ses détracteurs, il promet que ces opérations ne peuvent être menées qu'à trois conditions: qu'une enquête "profonde et minutieuse" ait déterminé que l'individu présentait une menace imminente, que sa capture soit impossible, et que l'opération soit conforme "aux principes des lois martiales".
Les organisations de défense des droits de l'homme avaient réclamé "la plus grande transparence possible" sur ce programme qu'elles jugent illégal car en vertu de la Constitution, les Américains ne peuvent être privés de leur vie ou de leur liberté "sans procédure légale".
Début février, l'Union américaine de défense des libertés civiles (Aclu) a demandé devant la justice la publication des documents secrets "justifiant les assassinats ciblés de citoyens américains".
Pour Tom Parker, directeur d'Amnesty International chargé des questions de terrorisme. "Justice ne peut être rendue à 10.000 pieds d'altitude".
Hinha Shamsi, directrice de l'Aclu pour la Sécurité nationale a vu "finalement" dans les propos de Holder "la justification de l'autorité effrayante autoproclamée du gouvernement de conduire des assassinats ciblés contre des civils, y compris américains, sur n'importe quel champ de bataille et sans supervision publique ni contrôle du droit".