C’est ce qu’a révélé la radio publique suédoise.
La Suède est impliquée en secret depuis 2007 dans un projet de construction en Arabie saoudite d'une usine d'armement où doivent être produits des missiles antichars, a affirmé mardi la radio publique suédoise (SR), documents confidentiels et interviews à l'appui.
La Suède a déjà vendu des armes à Ryad, mais des documents classés confidentiels obtenus par la SR montrent que le "Projet Simoom" mené par l'Agence suédoise de recherche de défense (FOI) en coopération avec l'Arabie saoudite, "repousse les frontières de ce qui est faisable par les autorités suédoises", selon la radio.
"Le fait qu'une autorité comme la FOI soit impliquée dans un projet d'usine d'armement pour le compte d'un gouvernement dans une dictature comme l'Arabie saoudite est assez unique", relève la SR en précisant que la construction de l'usine n'avait pas encore débuté.
Le directeur général de la FOI, Jan-Olof Lind, a assuré à la radio qu'il "n'y avait pas d'accord de projet avec ce pays".
Interrogé spécifiquement sur l'existence d'un Projet Simoom, M. Lind a répondu: "Non. Et je ne souhaite pas commenter des discussions qui ont pu ou non avoir lieu entre la Suède et l'Arabie saoudite. Ces discussions sont classifiées".
Mais plusieurs anciens employés de la FOI ont confirmé à la SR l'existence de ce projet, y compris Dick Strong qui, selon la radio, a dirigé le projet jusqu'en 2010 et était l'un des plus proches collaborateurs de M. Lind.
"Si je devais démentir vos informations, je serais obligé de dire que les documents que vous me montrez sont des faux, or ils ne le sont pas", a déclaré M. Strong à la SR.
Il a assuré que le gouvernement suédois connaissait l'existence d'un tel projet, désignant un document "signé par le directeur général (de la FOI) et envoyé au ministère".
Le ministère de la Défense a refusé de commenter les révélations de la SR, arguant du caractère secret de l'affaire.
De son côté, le Premier ministre Fredrik Reinfeldt a réagi en rappelant que "le gouvernement avait la responsabilité de s'assurer que la législation et les règles étaient en place et respectées".
"Je présume que les autorités responsables ont respecté la loi" dans cette affaire, a-t-il déclaré à l'agence de presse suédoise TT.
Selon la SR, pour masquer son implication et celle du gouvernement, la FOI a mis en place une société écran.
"La FOI n'a, autant que sache le ministère de la Défense, aucune collaboration avec la société mentionnée" par la SR, assure le ministre de la Défense Sten Tolgfors sur son blog.
"Le gouvernement n'a pris aucune décision donnant à la FOI le mandat pour construire une usine de production d'armes", ajoute-t-il.
L'un des dirigeants du parti d'opposition des Verts, Gustav Fridolin, a réclamé mardi une enquête et demandé à ce que M. Tolgfors soit entendu par la commission parlementaire KU chargée de surveiller la gestion des affaires par les ministres.
Selon lui, une collaboration entre la Suède et l'Arabie saoudite, qui est une des dictatures, porterait atteinte à la
démocratie dans le monde et aux intérêts suédois.