Marzouki a réitéré que la Tunisie est prête à accueillir Assad après le refus russe.
Le président tunisien Moncef Marzouki a estimé mercredi que l'Arabie saoudite n'extraderait "jamais" le président déchu Zine el Abidine Ben Ali, condamné par contumace à plusieurs reprises par la justice tunisienne, et qui reste poursuivi dans plusieurs affaires.
"Je pense qu'ils n'extraderont jamais Ben Ali, nous le savons, nous avons essayé à de très nombreuses reprises", a déclaré Moncef Marzouki sur la BBC.
"Nous allons probablement continuer à faire pression sur eux pour le retour de cet homme en Tunisie mais comme je vous l'ai dit, je ne crois pas qu'ils accepteront parce qu'ils ont leurs propres traditions, leurs propres lois et nous ne voulons pas avoir des problèmes avec eux à ce propos. Parce que nous avons aussi des relations sociales et économiques avec l'Arabie saoudite et nous voulons les maintenir", selon le président tunisien.
Le président déchu Ben Ali vit avec son épouse Leïla Trabelsi en Arabie saoudite depuis le 14 janvier 2011, date à laquelle il a fui la Tunisie sous la pression d'un soulèvement populaire.
Le président déchu, qui fait l'objet de nombreuses actions en justice en Tunisie notamment pour homicide volontaire, complot contre la sûreté de l'Etat, usage et trafic de drogue, a cumulé des condamnations à 66 ans de prison et fait l'objet avec son épouse d'un mandat d'arrêt international.
Un procès doit avoir lieu le 14 mars devant la Cour d'appel militaire de Tunis contre Ben Ali, un ex-ministre et des hauts cadres de la sécurité de son régime, poursuivis pour des tortures sur un groupe d'officiers de l'armée accusés de coup d'Etat.
En première instance le 29 novembre, le tribunal militaire avait condamné l'ex-président à cinq ans de prison dans cette affaire.
La Tunisie prête à accueillir Assad
Marzouki a en outre réitéré qu'il était prêt à accorder l'asile au président syrien, après le refus russe de l'accueillir, en vue d'"arrêter les massacres" au Syrie, dans une interview à la BBC mercredi.
Le président tunisien a expliqué que la Tunisie "avait une responsabilité morale vis-à-vis des Syriens", en tant que premier pays du printemps arabe. "Et les Syriens sont également musulmans, ce sont nos frères et nous ne pouvons accepter que 100 personnes soient tuées chaque jour par le régime", selon ses propres termes.
"Nous avons proposé la Russie, mais la Russie n'a pas voulu ... et ils ont dit: pourquoi vous, Tunisiens, vous ne le prendriez pas ?", a raconté M. Marzouki, interviewé mardi en anglais par la BBC.
"Alors j'ai dit OK, si c'est le prix à payer, j'accepte", a-t-il poursuivi.
Lors de la conférence internationale "des amis de la Syrie" fin février à Tunis, il avait suggéré un éventuel refuge en Russie pour le dirigeant syrien.
Mais le président élu russe Vladimir Poutine, interrogé par des journalistes, a indiqué mercredi que la Russie ne "discutait même pas de la question" d'accorder l'asile politique au président Bachar al-Assad.