Une chose semble désormais sure : les États-Unis n’ont personne en Libye pour le soutenir à prendre le pouvoir.
Différemment de la Tunisie et de l’Égypte où les Américains ont des tentacules un peu partout dans les rouages politiques, militaires et sécuritaires, avec la Libye de Kadhafi, la situation est inverse.
Ce qui explique la confusion américaine et occidentale qui hésite entre une intervention militaire, la création d’une zone d’exclusion aérienne, et sa crainte d’une ‘somalisation’ de ce pays, selon les propos de Clinton.
Selon le quotidien arabophone londonien AlQuds AlArabi, Washington est toujours à la recherche d’une personne qui puisse conduire la révolution libyenne, tout en passant en revue les différentes personnalités libyennes qui passent aux télévisions, sachant qu’elle ne connaît personne d’entre elles.
Ayant exigé le départ du colonel libyen, l’après Kadhafi n’est pas du tout clair aux yeux de l’administration américaine.
Selon le Los Angelos Time, malgré les efforts déployés depuis quelques jours par les différents responsables américains, dont l’ambassadeur à Tripoli, pour rentrer en contact avec l’opposition libyenne, rien n’en a encore découlé. L’administration est départagée.
Sachant que plusieurs personnages essentiels dans le commandement de la révolution libyenne ne sont pas connus, ou ne savent toujours pas ce qu’ils veulent.
Selon le journal américain, la situation actuelle s’apparente fortement à celle de l’Irak, après son invasion grâce à l’aide de responsables irakiens en exil : « Bush s’était trouvée en difficulté après la chute de Saddam pour choisir qui conduira l’Irak, parmi des groupes rivaux et en conflit politique, ne disposant pas de popularité alors qu’ils vivaient en exil dans des hôtels de première classe », indique-t-il.
Selon David Make qui avait assisté Bush dans cette mission, son conseil était pour lui de « superviser un arrangement ».
Une personnalité libyenne s’est fait remarquer, ajoute le journal, qui est le ministre de la justice, Moustafa Abdel Jalil, qui vient d’annoncer la formation d’un gouvernement transitoire, mais qui n’a pas précisé la partie qu’il présente.
« Il s’agit de savoir s’il est un véritable acteur ou pas », a précisé un responsable américain.
Le journal américain précise que le problème de la Libye est que Kadhafi est parvenu à marginaliser l’armée par crainte des coups d’états militaires, et qu’il a écrasé l’opposition islamique, en l’obligeant à l’exil , et a transformé les chefs des tribus en personnalités dévouées, en leur offrant des cadeaux.
L’administration américaine a cité plusieurs noms dont certains ambassadeurs libyens qui ont fait défection, sans oublier le ministre de l’intérieur. Mais ils risquent à l’instar de leur confrères égyptiens et tunisiens être rejetés parce qu’ils appartenaient à l’ancienne équipe de Kadhafi.
Certains chercheurs américains misent sur l’apparition d’un jeune dirigeant issu de l’armée.
Selon un analyste du Guardian, toute ingérence occidentale pourrait nuire aux révolutions arabes : « toute ingérence militaire ne fera qu’enflammer le conflit et affaiblira la démocratisation en cours», a précisé Sheymuss Mellin, lequel a pris à parti l’hypocrisie de l’Occident qui, à son avis a armé le régime libyen jusqu’au dernier jour et veut maintenant le faire juger par le tribunal international et lui infliger des sanctions.
Mellin perçoit dans les préparatifs en cours, en l’occurrence l’envoi des navires de guerre, la création d’une région d’exclusion aérienne, ou l’envoi de forces spéciales, ainsi que l’annulation des traités de non-agression, les présages d’une guerre contre un pays arabe.
L’analyste britannique s’est étonné qu’il n’y ait pas eu question d’intervention militaire en Égypte, lorsque Moubarak et ses forces de sécurité ont tué plus de 300 manifestants, ni pour protéger les manifestants au Bahreïn. Selon lui, la notion de « responsabilité de protéger les innocents » est appliquée d’une façon sélective. Qualifiant de « répugnant » que les états qui ont commis des massacres dans des guerres illégales soient ceux veuillent s’ingérer.
Miller indique que le démantèlement de la Libye et l’effondrement du régime libyen ouvre une faille pour intervenir pour le pétrole. Selon lui, quoique le régime ait changé son comportement avec l’occident, ces dernières années, mais il n’est pas exclu que des doigts sécuritaires étrangers soient en action en Libye.
Le fait qu’ils parviennent à renverser le régime Libye renverra à davantage d’ingérence dans ce pays, a-t-il déploré .