28-11-2024 02:49 PM Jerusalem Timing

Le ras-le-bol d’un banquier cloue à nouveau Goldman et Wall Street au pilori

Le ras-le-bol d’un banquier cloue à nouveau Goldman et Wall Street au pilori

Par dessus tout, c’est l’impunité de ces institutions qui devraient être stigmatisées...

Greg SmithLe très médiatique ras-le-bol exprimé par l'ex-banquier de Goldman Sachs, Greg Smith dans le New York Times cette semaine cloue une nouvelle fois au pilori la banque d'affaires et plus généralement la culture de Wall Street.
  
Certes, l'image sulfureuse de banquiers d'affaires avides d'argent et peu scrupuleux n'est pas nouvelle, depuis l'époque des raids boursiers des années 80 et le personnage de Gordon Gekko incarné par Michael Douglas dans le film "Wall Street".
  
Mais le secteur est à nouveau particulièrement critiqué depuis la crise financière de 2008. Le niveau élevé de ses salaires au moment où le chômage frôlait les 10% aux Etats-Unis a fait scandale, alors que les grands noms du secteur ont bénéficié d'une recapitalisation sur deniers publics.
  
L'été dernier, le mouvement Occupy Wall Street, qui dénonce le pouvoir de l'argent sur la politique et les inégalités croissantes, se focalisait sur les banques et leur prise de risque.
  

Pour Jim Sinegal, analyste du cabinet de recherche Morningstar, c'est le "plan de soutien gouvernemental (aux banques) qui a rendu les gens furieux. Si les employés de General Motors (également aidé par le gouvernement pour éviter une faillite, NDLR) gagnaient un demi-million de dollars par an, les gens seraient en colère également".
  

L'environnement hautement politisé d'une année électorale offre en outre un terreau favorable à de telles polémiques.
  

Plus qu'aucune autre banque, Goldman Sachs est à chaque fois particulièrement critiquée. Jim Sinegal juge que c'est parce qu'elle "a continué à gagner de l'argent malgré le mauvais état de l'économie. Elle continue à briller".
 C'est aussi parce qu'une réputation d'arrogance s'est dessinée à force de déclarations et de courriels internes ayant fuité.
Fin 2009, le PDG Lloyd Blankfein lançait comme une boutade à un journaliste du Sunday Times qu'il n'était "qu'un banquier qui fait le travail de Dieu".
  

En 2010, alors que la banque était poursuivie par l'autorité américaine des marchés pour avoir trompé des investisseurs en leur vendant des dérivés adossés à des crédits hypothécaires à risque, les courriels de dirigeants étaient révélés, qualifiant les produits en cause de "contrats de m...".
Un courtier personnellement mis en cause, Fabrice Tourre, ironisait sur les "pauvres petits emprunteurs peu solvables" qui ne "vont pas faire de vieux os".
  

Dans sa tribune incendiaire de mercredi, le démissionnaire Greg Smith accuse quant à lui des dirigeants de Goldman Sachs de qualifier leurs clients de "pantins".
La banque est aussi critiquée pour avoir aidé la Grèce à abaisser à court terme le niveau de son endettement en le reportant sur plusieurs années, dissimulant ainsi la mauvaise santé des finances du pays aujourd'hui au bord de la faillite, même si ces contrats étaient légaux et utilisés par d'autres.
 Récemment, Goldman a aussi été montrée du doigt par un juge aux Etats-Unis dénonçant des conflits d'intérêt "dérangeants" dans le cadre du rachat d'une société de transport énergétique, El Paso, par sa concurrente Kinder Morgan.
  
Goldman, conseil d'El Paso, possédait une part de 19% dans Kinder Morgan et l'un de ses banquiers détenait personnellement pour 340.000 dollars d'actions du même groupe.
  
Selon le Wall Street Journal de vendredi, la banque a engagé une réflexion pour renforcer ses règles de transparence existantes sur les conflits d'intérêt.
 
 Jim Sinegal remarque qu'il y a peu de chances que "les firmes de Wall Street perdent des clients" à cause de la tribune de Greg Smith. Les investisseurs avertis "savent généralement à qui ils ont affaire".
  Son collègue Maclovio Pina note cependant que le risque est que cette accumulation "entame la confiance des clients, sur laquelle reposent les affaires des banques".